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ENERGIE

Quand le climat devient une menace pour la rentabilité

LA RÉDACTION, LE 1er OCTOBRE 2015
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Longtemps, le secteur de la finance a pu paraître insensible aux enjeux climatiques. En tenant seulement compte des impacts directs de leur activité sur les émissions de gaz à effet de serre ou la consommation de ressources naturelles, les banques, assureurs et gérants d'actifs figurent tout en bas de l'échelle des pollueurs. Selon le Commissariat général au développement durable, le secteur financier a émis 2,4 millions de tonnes de CO 2 en 2007, soit 0,5 % des émissions de toute l'économie française. Mais ce raisonnement est trop réducteur. En incluant les rejets indirects, ceux des projets financés, le secteur se trouve propulsé en tête du classement. Leur position stratégique fait donc des banques et des gérants d'épargne un vecteur unique d'incitation et de soutien à la transition énergétique. « Ce secteur ne se considère plus comme neutre vis-à-vis des enjeux liés au climat », observe Hervé Guez, responsable de la recherche sur l'investissement socialement responsable (ISR) de Mirova, la société de gestion d'actifs du groupe BPCE spécialisée dans l'ISR. Sous la pression des ONG et de l'opinion publique, plusieurs banques ou investisseurs institutionnels, comme le Crédit agricole et Axa, se sont en effet engagés à ne plus financer les projets de mines ou de centrales à charbon dans le monde. Le mouvement est appelé à se poursuivre. « Sous l'impulsion de l'Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises Orse et de Paris Europlace, les différents représentants du secteur ont signé en mai un engagement visant notamment à favoriser les investissements, les financements et les assurances de biens orientés vers des solutions et des technologies bas carbone, rappelle Michel Laviale, président du club finance de l'Orse. Mais aussi à intensifier les collaborations avec les pouvoirs publics et les régulateurs pour créer un cadre favorable à la lutte contre le changement climatique. » La loi sur la transition énergétique prévoit aussi d'obliger les acteurs financiers à calculer leur empreinte carbone, avec des modalités qui restent à définir. « Il y a quelques années, notamment aux États-Unis, les critères ISR pouvaient être perçus par certains comme contraires aux responsabilités fiduciaires des fonds envers leurs épargnants, décrypte Olivier Bonnet, responsable de la stratégie ISR de l'Erafp, le fonds de pension de la fonction publique française, l'un des investisseurs les plus en pointe en France sur la question de l'impact carbone. Aujourd'hui, la balance s'est inversée. De plus en plus de fonds estiment qu'ils courent un risque de poursuites à moyen terme s'ils n'appliquent pas une gestion responsable vis-à-vis du climat. » Pour les investisseurs, renoncer aux financements des projets les plus polluants n'est pas simplement une question de responsabilité morale. Il en va aussi de leur rentabilité financière. « Il apparaît désormais difficile de parler de performance financière des actions, un placement de long terme, en faisant l'impasse sur les enjeux environnementaux ou sur les limites des ressources naturelles », souligne Jean-Guillaume Peladan. Ancien directeur des investissements d'avenir de l'Ademe, il a rejoint la société de gestion Sycomore AM en juin dernier pour s'occuper de la stratégie et de la recherche environnementale, avec en ligne de mire le lancement d'un fonds spécialisé sur la transition énergétique. Ne pas intégrer dans l'appréciation de la valeur des actifs les conséquences du réchauffement climatique, des stress hydriques ou des disponibilités réduites en ressources, semble de plus en plus inapproprié. Dans leurs fonds investis en actions, de nombreux gérants ont commencé à réduire leur exposition aux sociétés les plus polluantes en retirant celles dont le modèle est controversé, voire condamné à long terme. « Par exemple, celles qui ont recours au charbon ou, dans un autre registre, à la monoculture agricole intensive », illustre JeanGuillaume Peladan. Afin d'aller encore plus loin dans leur sélectivité, la meilleure motivation pour les banques et les gérants d'actifs tient dans la protection de la valeur de leurs investissements. Mais pour gérer au mieux l'impact carbone de leurs portefeuilles, les investisseurs doivent d'abord le calculer avec fiabilité. C'est là que se trouve le plus grand défi. D'autant que, comme le rappelle Esther Finidori, manager au sein du cabinet de conseil Carbone 4, « entre le financement de projets, la gestion d'actifs, le crédit aux entreprises ou à la consommation, les métiers de la finance sont variés. Aucune méthode universelle ne peut mesurer l'empreinte carbone du secteur. » À l'échelle d'un projet industriel, ce calcul fait consensus. Avec deux critères objectifs : les émissions de gaz à effet de serre que sa réalisation implique et le gain, ou le déficit, d'émissions qu'il génère par rapport à la situation existante. Par contre, au niveau global de l'entreprise, qu'elle soit industrielle ou financière, le calcul est beaucoup plus délicat. Les méthodes actuelles permettent de quantifier les scopes 1 et 2, c'est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre directes et celles produites par exemple par la consommation d'électricité. En revanche, le scope 3, qui concerne toutes les autres émissions indirectes et induites, notamment par les fournisseurs et toute la chaîne d'approvisionnement, est plus complexe à tracer, d'où des calculs potentiellement différents entre les acteurs. « Or, on sait bien que ce qui n'est pas mesuré, n'est pas géré : il est donc nécessaire d'être précis et transparent dans ce type d'exercice », souligne Bertille Presta, gérante et responsable de l'ESG chez Sycomore AM. Pour corriger ce biais, le fonds Mirova vient d'élaborer, avec le soutien de Carbone 4, une méthodologie adaptée aux gérants d'actifs. « Une faible empreinte carbone n'est pas synonyme de contribution à la transition énergétique, distingue Esther Finidori, de Carbone 4. Le modèle développé pour les gérants d'actifs permet de mesurer les émissions induites par l'entreprise et ses produits, mais également les émissions que son activité permet d'éviter. » Un ratio d'impact carbone est ainsi calculé, en divisant les émissions évitées par les émissions induites. Plus il est élevé, plus l'entreprise contribue à la transition énergétique. Une note qualitative est ensuite ajoutée pour tenir compte de la lutte contre le climat dans sa stratégie : engagements, R & D dans de nouvelles technologies… De son côté, l'Erafp travaille avec Trucost tandis que, sous l'impulsion du guide publié fin 2014 par l'Orse, plusieurs acteurs se sont lancés dans l'élaboration de leur propre formule de calcul, en s'appuyant sur d'autres méthodologies existantes. L'Association française de la gestion financière a également mis en place un groupe de travail spécial. Avec l'objectif, à terme, de faire converger au maximum tous les modes de calcul. Dans un second temps, une fois l'impact carbone des portefeuilles calculé avec fiabilité, « l'objectif sera de décarboner au mieux les portefeuilles d'actions cotées », anticipe Olivier Bonnet, de l'Erafp. La finance constituera alors un réel effet de levier pour la transition énergétique. l


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