Inciter à la prise d'initiatives. Fixé à 10 euros la tonne de CO2, son prix interne n'est pas destiné à réorienter ses investissements. Chez Société générale, l'outil prend plutôt la forme d'une taxe payée par chaque entité du groupe en fonction de son empreinte carbone. Les fonds ainsi collectés servent à récompenser des initiatives menées par ses collaborateurs. A l'occasion d'un prix de « l'efficacité environnementale », organisé chaque année, chacun peut déposer sa candidature. Qu'elle concerne la baisse des consommations de papier, la réduction des déplacements ou les gains en efficacité énergétique, elle doit absolument porter sur un projet déjà réalisé. « L'argent reçu par l'entité est une récompense, pas un moyen d'ajuster l'équilibre économique de son projet », insiste Emmanuel Martinez, directeur environnement du groupe. En revanche, l'argent peut être réinvesti l'année suivante pour financer une nouvelle initiative. « Le but est d'inciter à l'innovation et à la prise de risque. »30 à 40% de l'objectifDepuis son lancement, cette taxe carbone interne semble avoir enclenché une réelle dynamique. La quatrième édition a lieu cet automne et, depuis 2012, le nombre de candidatures a doublé, pour atteindre 102 dossiers. L'an dernier, 92 avaient été déposés et 56 récompensés. « Sur les trois premières éditions, en moyenne, les projets lauréats permettent à Société générale d'économiser 4700 tonnes de CO2 par an, 30 gigawattheures d'énergie et 13 millions d'euros de frais généraux », chiffre Emmanuel Martinez. Cela représente entre 30 et 40 % de l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre du groupe. Et encore : ce décompte concerne seulement les projets lauréats. Pas l'ensemble des initiatives candidates.Une vision globaleAvec cette taxe carbone, quelque 3 millions d'euros par an sont redistribués en interne. Un comité d'experts valide les dossiers. Mais ce sont ensuite des représentants des différentes directions qui choisissent les lauréats. Communication, finances, RSE, fiscalité… « Le comité de sélection est composé de personnes occupant des postes au sein des directions fonctionnelles du groupe et ayant une vision globale de l'entreprise », précise Emmanuel Martinez. La sélection se fait sur la base de plusieurs critères, parmi lesquels la date de mise en œuvre de l'initiative. Les projets doivent en effet être récents. Leur intérêt économique pour Société générale doit être démontré et leur impact environnemental est aussi considéré.L'empreinte liée aux déchetsDepuis le lancement du dispositif, le prix de la tonne de CO2 n'a pas évolué. « Ce n'est pas tant le montant qui importe que le système décentralisé ainsi instauré, défend le directeur environnement. D'autant plus que nous avons décidé d'élargir l'assiette sur laquelle le mécanisme va s'appliquer. » Pour la période 2012-2015, la banque avait ajouté à ses objectifs climatiques le transport de marchandises et les centres informatiques qu'elle héberge. Pour le cycle qui démarre, elle réfléchit à comptabiliser aussi l'empreinte liée aux déchets. Si la rentabilité immédiate des projets sera probablement plus difficile à trouver, l'accent sera mis sur l'innovation et la pédagogie. Le but : sensibiliser à l'économie circulaire. Afin d'accentuer la dynamique, Société générale va aussi instaurer deux nouveautés dans son prix de l'efficacité environnementale. D'abord, un vote des salariés pour leur permettre de désigner l'initiative qu'ils préfèrent et ainsi faire connaître en interne l'étendue des projets réalisés. Ensuite, un classement pour créer une émulation. Un top 3 des meilleurs contributeurs.Thomas Blosseville