La jeune pousse Mini Green Power en est à l'initiative. Positionnée sur les petites centrales biomasse, elle a mis au point une technologie de gazéification qui séduit par sa pertinence. Son histoire surprend. Elle est développée par un ingénieur rompu à l'exercice opposé : installer dans le monde entier des turbines à gaz. « Des mégaprojets polluants, déconnectés, engendrant des pertes d'énergie », raconte son fondateur Jean Riondel. Les énergies renouvelables attirent donc les reconversions... et les ingénieurs des Arts et métiers : « Avec le patron d'Enogia issu de la même école et installé dans la région le courant est passé. D'où l'alliance avec sa startup qui conçoit des micro-turbines à cycle organique de Rankine (ORC) complétant bien notre innovation ». Basse température sur la V1 de la centrale biomasse en démonstration à Hyères, elles passeront en haute température sur sa V2 prête en fin d'année.Validée par le CEA, la technologie Mini Green Power consiste en une centrale de trois modules. Le premier sert à alimenter le gazéi?eur en biomasse. Sa préparation, exercice délicat, est ici facilitée par la robustesse du dispositif acceptant même les résidus humides. Déchets verts, agricoles, de l'industrie du bois, tout y passe sans réglage compliqué, avec un pilotage possible à distance. La centrale engloutit 2 000 t/an de biomasse et la transforme en gaz puis eau chaude valorisée grâce aux turbines ORC sous forme de chaleur ou d'électricité. Ou les deux.« Elle s'adapte aux besoins du client et peut alimenter un réseau de chaleur, chauffer une piscine ou sécher des boues, désaliniser l'eau ou produire du froid ». Les premiers clients, italiens, produiront de l'électricité à partir de résidus végétaux. Des marchés africains s'ouvrent : « En France la frilosité à l'innovation n'est pas un mythe ».A Hyères, cette centrale couplée à un chargeur de 22 kilowatts conçu par une troisième startup régionale, Plus de Bornes, alimente une borne de recharge de véhicules électriques. Il peut recharger deux voitures par heure. « Cette première mondiale sert des objectifs de communication. Le résultat offre de meilleures performances que les bornes utilisant d'autres renouvelables comme le solaire. Prises indépendamment, nos technologies sont donc innovantes mais sans plus. Combiner les trois donne à l'ensemble une tout autre dimension ».Morgan Boëdec