Intégration des véhicules électriques et des énergies renouvelables, maîtrise des consommations, sécurisation des réseaux numériques… La France avait déjà mené des expérimentations dans les réseaux électriques intelligents (smart grid). L'heure est venue de changer de dimension. Le gouvernement avait choisi trois projets pour déployer des solutions à grande échelle. L'un d'entre eux passe à la phase concrète.Il s'agit de « Smile » pour « Smart ideas to link energies ». Il est porté par les Régions Bretagne et Pays de la Loire à travers une association créée en décembre dernier. Une nouvelle étape doit être franchie le 7 février avec une assemblée générale organisée à Rennes. Au programme : la constitution des différents collèges de l'association et de son conseil d'administration. Ensuite, ce conseil d'administration se réunira pour le première fois le 5 avril à Nantes.1000 bâtiments et 20.000 points lumineux« Smile est plus qu'un démonstrateur, c'est un territoire de déploiement. Nous attendons 40 à 50 projets concrets portés par des industriels ou des collectivités locales », chiffre Françoise Restif, coordinatrice du projet pour l'agence régionale Bretagne Développement Innovation. Pêle-mêle, Smile pourrait comprendre 1000 bornes de recharge, 50 MWh de capacité de stockage d'électricité, 1000 bâtiments à énergie positive, 20.000 points lumineux intelligents… Mais aussi un outil de sensibilisation des citoyens à la transition énergétique.Plusieurs départements sont concernés : l'Ille-et-Vilaine, le Morbihan, la Loire Atlantique, la Vendée et l'Ile d'Ouessant dans le Finistère. « En 2020, ces zones, puis les deux régions dans leur ensemble, devront former un grand réseau électrique intelligent dans l’Ouest de la France », se projette Christophe Guillaume, responsable du département innovation et filière de l'agence de développement économique des Pays de la Loire. Pour déployer toutes ces solutions en trois ans seulement, Smile s'appuiera sur des projets déjà engagés. « L'idée est d'accélérer et de massifier. »Les données à l'échelle régionaleCinq grandes thématiques ont été identifiées. La première porte sur les métropoles intelligentes. Ellle concerne typiquement des villes comme Nantes et Rennes. La deuxième est la sensibilisation des collectivités locales et des citoyens. Elle intègrera par exemple le projet Solenn. Troisième sujet : les technologies numériques et objets connectés. Il couvre aussi bien l'autoconsommation que l'efficacité énergétique dans l'industrie, en passant par l'exploitation des données à l'échelle du bâtiment, du quartier et de la région.La quatrième thématique – sur les territoires intelligents – inclut les énergies renouvelables, les écoquartiers et l'aménagement. Notamment la gestion de l'équilibre entre l'offre et la demande, la flexibilité du réseau, les effacements de consommation… Enfin, les projets sur la mobilité électrique comprendront le maillage des infrastructures de recharge, le couplage avec les ombrières photovoltaïques et la production d'hydrogène… Ou encore les services de mobilité en lien avec les autres modes de transport.Financements et modèles économiquesLa filière smart grid reste émergente. Smile ne se contentera pas des enjeux technologiques, mais aussi des coûts, des besoins de financement et des modèles économiques de ces solutions. Quatre groupes d'experts sont donc en train d'être constitués. Les experts techniques et scientifiques seront réunis sous la houlette des pôles de compétitivité S2E2 et Images&Réseaux. Les agences locales de l'énergie animeront le groupe « territoires et citoyens ». Les spécialistes des financements et des modèles économiques seront coordonnés par la CDC. Enfin, les agences régionales de développement s'occuperont des aspects « filière et rayonnement ».Thomas Blosseville