« L'ensemble du processus national des énergies marines renouvelables (EMR) avance lentement mais il avance ».Dans une note de synthèse publiée début mars sur son site, l'observatoire Isemar revient sur la volonté politique de mettre en place des champs d’éoliennes posées - « sept au final en Atlantique et en Manche » - et de développer en complément l'éolien flottant (4 fermes pilotes). Du côté des entreprises, elle estime « le champ industriel en cours de redéfinition ». Les énergéticiens EDF EN ou Engie, des développeurs-exploitants comme WPD et des fournisseurs industriels français sont sur les rangs, sachant que la filière est aussi « constituée de savoir-faire étrangers ». Une partie de ce tissu industriel s'inscrit ainsi dans « des stratégies européennes sous l'égide de General Electric et Siemens ». « Comme activité en mer, les EMR ont besoin des ports ». Car qui dit installation en mer dit pré-assemblage et mise en service à terre. Et donc recours, durant deux à trois ans, à des ports dits « de proximité ». Le câblage et le stockage des pièces nécessitent aussi des lieux d'accueil, au même titre que la maintenance des champs d'éoliennes, qui mobilisera de petits ports. Quant aux démonstrateurs et technologies innovantes, ceux de Cherbourg, Brest et Saint-Nazaire en ont vu passer. « Ce sera aussi bientôt le cas dans des ports méditerranéens », révèle l'étude.Accueillir des unités industrielles est générateur de revenus fonciers pour les ports. Et d'emplois pour les territoires. Mais la seule usine sortie de terre est pour l'heure la double usine Alstom/GE à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique). Elle produit des turbines et nacelles, pour l'instant exportées « en attendant les 238 pour les champs français d'EDF EN ». Le port le plus avancé, où la dynamique est la plus forte, est celui de Saint-Nazaire. Avec un soutien public, les EMR y ont enclenché une diversification du chantier naval STX France. A Cherbourg également, elles sont l'occasion d'une « diversification pour les pôles mécaniques présents ». Le Havre, Brest, La Rochelle et Dunkerque nourrissent aussi des ambitions en la matière. Tout comme Sète, Fos voire Toulon, en Méditerranée. La note attire l'attention sur les processus logistiques nouveaux qui sont en jeu. « Nombre de ports connaissent la logistique des colis lourds (…) mais avec des lots limités » - or il s'agira ici de très grosses unités (mâts, pâles, nacelles). Si les EMR sont une « manne pour les ports », cette nouvelle industrie a besoin d'espace et de quais. Il revient du coup aux logisticiens français de se positionner. Sachant que se dégage une tendance à l'émergence d'une « offre globale de services logistiques ». Et probablement à terme d'un acteur principal, sur lequel les industriels et énergéticiens impliqués – pour la plupart « étrangers au domaine maritime et portuaire » - pourraient faire porter le risque. Reste que rien ne garantit que les logisticiens portuaires français endossent ce rôle. Du moins pas en seuls dans leur coin : le scénario le plus probant reste l'alliance et le partenariat. « Les retards affichés sur le développement de la filière EMR en France ne seraient-ils pas finalement une opportunité pour ces acteurs maritimes et portuaires de définir leur stratégie de diversification et de s'organiser pour faire face à la concurrence internationale ? », interroge en guise de conclusion cette étude. Morgan Boëdec