Pour les dix ans du Fonds chaleur, l’association Amorce, le Syndicat National du Chauffage Urbain (SNCU) et l’Ademe ont établi un bilan de la place des réseaux de chaleur et de froid en France. En France, ils sont désormais 798 réseaux de chaleur qui alimentent 2,5 millions équivalents logements. La consommation totale de chaleur dans le pays est de 667 TWh, soit 40% des consommations finales d’énergie. La chaleur renouvelable représente 141 TWh et la part de chaleur renouvelable issue des réseaux de chaleur s’élève à 15 TWh.
PUBLICITÉ
La présidente du SNCU explique aussi que « plus le réseau est vertueux (+75% d’EnR), plus il est compétitif. Cela s’explique par le dispositif d’aide de l’Ademe. À l’inverse, les réseaux moins vertueux sont plus chers. » Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’Ademe, indique que le Fonds chaleur a financé « 5.350 installations EnR&R, à hauteur de 2,3 milliards d’euros d’aide pour 31 TWh/an », dont 350 millions d’euros d’aides en 2020.
Rythme encourageant mais insuffisant
Si les réseaux de chaleur ont doublé en dix ans, le rythme de développement reste encore insuffisant selon Nicolas Garnier : « La vitesse de développement est deux fois inférieure à la vitesse demandée par la PPE. » Tous les acteurs s’inquiètent des calculs de la RE2020 et d’autres réglementations, qui pour eux favorisent les pompes à chaleur et mettent de côté les réseaux de chaleur. Pour Aurélie Lehericy, « la RE2020 n’a pas encore mis un dispositif suffisant pour accompagner les réseaux. » Nicolas Garnier rappelle que « la RE2020 maintient l’énergie primaire, mais la décision de diviser par 3 le contenu CO2 du chauffage électrique en fait un chauffage plus écologique que le réseau de chaleur, alors que l’électricité n’a même pas 20% d’énergies renouvelables. Est-ce qu’on est en train de favoriser le chauffage électrique et les pompes à chaleur pas forcément vertueuses, et pourquoi ? ». Il s’interroge sur une demande de report de la nouvelle réglementation des bâtiments, et sur la création d’une instance indépendante de l’État, pour éviter une bataille entre fournisseurs de gaz et d’électricité. Une bataille qui, semble-t-il, a déjà lieu, au vu des divergences de points de vue après les annonces des ministres Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon il y a deux semaines.