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[Avis d’expert] Florent Nguyen : avec ce label vert, « le nucléaire pourra compter durablement sur des investissements facilités »

Par A.A. Publié le 4 février 2022.
[Avis d’expert] Florent Nguyen : avec ce label vert, « le nucléaire pourra compter durablement sur des investissements facilités »
Florent Nguyen, Manager Énergie au sein du cabinet de conseil Oresys. Crédit : Oresys
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La Commission européenne a annoncé, le mercredi 02 février, l’attribution d’un « label vert » pour les investissements dans les activités nucléaires et gazières, à titre d’énergies « de transition » pour lutter contre le changement climatique. Quel est l’impact de cette décision sur la filière nucléaire et gaz en France et en Europe ? Eléments de réponse avec Florent Nguyen, Manager Énergie au sein du cabinet de conseil Oresys.

« Les activités gazières et nucléaires sélectionnées sont conformes aux objectifs climatiques et environnementaux de l’UE », conclut la Commission européenne à l’issue d’un mois de consultation autour de l’acte délégué complémentaire relatif aux objectifs climatiques de la taxonomie. En incluant, à certaines conditions, ces activités dans la taxonomie européenne, la Commission espère accélérer la transition énergétique vers une énergie décarbonée en Europe, en fléchant davantage les investissements dans les filières industrielles du nucléaire et du gaz.

Quelle est la signification exacte de ce Label Vert ? 

En cohérence avec l’accord de Paris, les institutions européennes ont eu la volonté d’encourager les investissements durables en favorisant les flux financiers vers des activités réduisant les émissions de gaz à effet de serre. L’objectif est d’encourager les secteurs où il est préférable d’investir pour permettre à l’Europe d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.
Ce « label vert » ou « taxonomie » est une tentative de la Commission européenne de créer une nomenclature permettant de catégoriser des investissements comme « verts » ou non. Un groupe technique d’experts a mené l’évaluation de 170 activités économiques, représentant 80% des émissions de gaz à effet de serre de l’UE. Si certains secteurs économiques ne sont pas couverts par cette taxonomie, le secteur de l’énergie l’est complètement. En somme, la taxonomie est une liste des activités industrielles que l’Europe considère comme vertueuses pour le climat.

Même si l’on peut considérer que la taxonomie européenne est une avancée importante dans le domaine de la finance durable, il est bon de rappeler que ce « Label vert » souffre de quelques faiblesses qui ne manquent pas d’être déjà pointées du doigt. Il est évident que des compromis ont été faits entre les états membres pour éviter d’avoir une norme trop contraignante.

Quel impact peut-il avoir sur la transition énergétique en France et en Europe ? 

Dans le secteur de l’énergie, la taxonomie verte a été attribuée aux énergies renouvelables, naturellement, mais aussi au nucléaire et au gaz « sous conditions ». Bien que le nucléaire soit un moyen de production d’électricité complètement décarboné, c’est la question des déchets radioactifs qui suscite le débat quant à sa classification comme énergie « durable ». Le gaz quant à lui, produit du CO2, ce qui suffirait à le disqualifier.  Le choix de les inclure dans la taxonomie comme « énergies de transition » va également favoriser les investissements vers ces moyens de production, au détriment – diront certains – des investissements pour les énergies renouvelables.

Cependant, si l’on considère que la réduction des émissions de CO2 comme un des objectifs majeurs de la transition énergétique (rappelons qu’en 2018 plus de 40% des émissions de CO2 dans le monde sont dues à la production d’électricité) ; alors, le fait d’intégrer à la taxonomie le nucléaire – seule énergie pilotable décarbonée pour compenser l’intermittence des renouvelables – contribue à la transition énergétique. On comprend aisément que cela n’est pas dénué de sens lorsque dans le même temps cela permet à certains pays d’envisager de fermer leurs centrales à charbon, principales émettrices de CO2.

Par ailleurs, on peut s’attendre à ce que les conditions et les réserves émises pour le nucléaire et le gaz, incitent les pays à se doter d’une gestion sûre des déchets radioactifs – comme les plans engagés par la France ou la Finlande – ou bien à favoriser les investissements pour la production d’un gaz « décarboné » comme le biométhane ou l’hydrogène. Il est prévu que la taxonomie soit revue tous les trois ans pour tenir compte des évolutions technologiques et scientifiques, gageons que cela soit une douce piqûre de rappel.

Cette décision peut-elle soutenir durablement la filière industrielle nucléaire française ? 

Il est évident que la filière nucléaire française se réjouit de cette décision. EDF avait d’ailleurs insisté en 2021 sur le fait « qu’aucune technologie bas carbone ne devrait être écartée de la taxonomie si on veut atteindre la neutralité carbone en 2050 » (Carine De Boissezon, directrice du Développement durable d’EDF, lors d’une conférence de presse). Cette décision est un message fort qui reconnaît les avantages du nucléaire dans la décarbonation et dans la capacité de disposer d’un mix énergétique alliant des énergies pilotables et intermittentes.

La France, qui avait affiché ouvertement sa volonté de relancer sa filière nucléaire, se voit ici soutenue dans cette orientation. C’est ainsi toute une filière qui pourra compter durablement sur des investissements facilités. Ce soutien durable est nécessaire pour que la filière française retrouve son niveau d’excellence : il permet de redonner des perspectives, maintenir des savoir-faire, développer des filières de formations et promouvoir l’innovation.

Doit-on s’attendre à la construction de nouveaux réacteurs en France et en Europe ? 

La construction de nouveaux réacteurs en France a déjà été mise sur la table par le Président Emmanuel Macron. Il est fort probable que cette décision, attendue, appuiera cette orientation dans la politique énergétique française, quel que soit le résultat des prochaines échéances électorales. D’autres pays européens ont fait également ce choix avant cette décision de la Commission européenne. De nouveaux réacteurs seront donc construits, en France et ailleurs en Europe, mais cela n’est pas directement lié à la taxonomie. En revanche, ce sont les moyens de financement qui seront facilités, ce qui pourrait inciter certains pays à en construire plus que prévu.

Enfin, les pays qui ont fait le choix de se passer du nucléaire garderont cette ligne directrice, le fait de disposer d’une autre « énergie de transition » leur donnant également raison dans leur politique énergétique.

Peut-on anticiper prochainement la fermeture des centrales à charbon au sein de l’Union européenne ? 

Certains pays comme la Pologne ou la République Tchèque ont soutenu la France pour inclure le nucléaire dans cette taxonomie. A la différence de la France qui cherche à relancer sa filière nucléaire, ces pays souhaitent remplacer des centrales à charbon très polluantes.
A l’inverse, d’autres pays, comme l’Allemagne, qui ont fait le choix de sortir du nucléaire, ont soutenu l’intégration du gaz (combustible fossile s’il faut le rappeler), car c’est le meilleur moyen de sortir rapidement du charbon qui lui est deux fois plus polluant.

La taxonomie s’applique aux investissements, et donc à la construction de nouveaux moyens de production ou à la prolongation de leur durée de fonctionnement. Il est certain qu’elle contribuera à la fermeture de centrales à charbon au sein de l’Union européenne, mais cela ne se fera qu’après leur remplacement par de nouveaux moyens de production d’électricité pilotables comme le nucléaire ou le gaz. Et l’on sait que cela prendra plusieurs années.

Quels seront les impacts de cette décision sur les prix de l’électricité ?

Il ne faut pas s’attendre à un impact direct sur le prix de l’électricité, ou du moins, pas à court terme puisque là encore nous parlons d’investissements sur les prochaines années. Pour autant, la sécurité d’approvisionnement de l’Europe dépend largement des moyens de production pilotables (nucléaire, charbon, gaz et dans une moindre mesure les barrages). La fermeture de centrales à charbon est incontestablement une bonne chose pour l’environnement, mais cela rend l’Europe davantage dépendante dans son approvisionnement au gaz. La hausse des prix de l’électricité actuelle étant fortement due à l’explosion des prix du gaz, on comprend aisément que le choix d’investir davantage dans le gaz peut avoir un impact in fine sur le prix de l’électricité en Europe.
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