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ÉNERGIE

[Tribune] L’hydroélectricité : l’énergie renouvelable oubliée par les candidats à la présidentielle ?

PUBLIÉ LE 17 FÉVRIER 2022
NICOLAS SERRIE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE NATEL ENERGY
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[Tribune] L’hydroélectricité : l’énergie renouvelable oubliée par les candidats à la présidentielle ?
Nicolas Serrie, directeur général de Natel Energy. Crédit : DR
Avec 2 300 installations hydroélectriques, dont 433 exploitées par EDF, l’hydroélectricité est la deuxième source de production d’électricité dans notre pays, derrière le nucléaire. Toutefois, elle ne fait l’objet d’aucune attention particulière de la part de nos dirigeants. En dehors de Marine le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, les candidats à l’élection présidentielle ne dérogent pas à ce constat et dans son discours de Belfort du 10 février, Emmanuel Macron n’a mentionné le mot « hydroélectrique » qu’une seule fois…

L’attention générale est légitimement tournée vers l’éolien, terrestre et maritime, et le solaire, indispensables à la transformation de notre modèle électrique. Pourtant, l’hydroélectricité a un rôle essentiel à jouer pour mener à bien les immenses défis de la transition énergétique, à la fois à travers le maintien et la rénovation des installations existantes mais également à travers le développement des Stations de Transfert d’Energie par Pompage (STEP).

Il s’agit en effet de garantir et d’améliorer les 10% de notre production électrique nationale qui proviennent de nos cours d’eau, à l’heure où nous faisons face à une croissance importante de notre consommation et où toute énergie stable est bienvenue. Il s’agit aussi de pouvoir stocker notre énergie et de stabiliser un réseau de plus en plus porté par les énergies renouvelables intermittentes. Les STEP constituent le principal moyen dont nous disposons à grande échelle et il semble illusoire de pouvoir relever ce défi via des batteries, tant pour des raisons de coûts (le MWh stocké par batterie est près de 6 fois plus cher), que pour des raisons techniques (les batteries ne peuvent garantir l’inertie du réseau contrairement aux STEP) ou écologiques liées aux intrants des batteries.

Avec un coût financier et de mise en œuvre relativement faible pour la collectivité, d’autant plus au regard des énormes défis énergétiques qui nous attendent, il conviendrait dès lors de mettre en œuvre les 3 mesures suivantes.

Transformer des centrales existantes en STEP

Il faut d’une part fortement développer les STEP. C’est d’ailleurs ce que préconise RTE dans son rapport d’octobre 2021. La transition énergétique de la France ne peut se faire sans porter la capacité installée de 5 GW aujourd’hui à 8 GW dans les prochaines années. Une telle croissance est réalisable en exploitant le gisement technique et en construisant quelques nouveaux sites. L’Etat pourrait donc financer et réaliser des études techniques permettant de développer de nouveaux projets et de transformer des centrales existantes en STEP, et lancer des appels d’offres ciblés pour construire ces 3 GW additionnels.

De nombreux candidats à la présidentielle veulent remettre à plat le fonctionnement du marché de l’énergie en Europe. Il faut profiter de ces ajustements pour introduire un mécanisme de marché permettant de valoriser le stockage d’énergie et l’ensemble des services associés à leur juste valeur, sans quoi aucune STEP ne verra le jour. C’est précisément ce qu’ont fait Israël et l’Australie qui ont mené des politiques très volontaristes dans ce domaine.

Réaménagement d’ouvrages

Il faut ensuite préserver et améliorer le parc actuel de petite hydroélectricité en maintenant les tarifs existants en deçà de 1 MW et en introduisant un tarif de rachat spécifique dédié aux installations d’une puissance comprise entre 1 et 4,5 MW. Ces dernières bénéficient pour la plupart d’un contrat d’obligation d’achat arrivant bientôt à terme et vont être confrontées à des travaux de rénovation et de mise aux normes importants qu’elles ne pourront pas financer. Les 2 270 centrales de moins de 10 MW qui maillent notre territoire sont confrontés à de nombreux enjeux, notamment au niveau de la biodiversité et il serait logique qu’un tel soutien de l’État soit octroyé en échange de travaux permettant d’améliorer la continuité écologique, notamment pour le passage des espèces migratrices. C’est d’ailleurs ce qu’a mis en œuvre Joe Biden dans son plan de relance pour l’économie américaine.

Un tel faisceau de mesures permettrait non seulement d’assurer le maintien d’environ 1 GW d’énergies renouvelables, mais également de développer 1 GW supplémentaire via le réaménagement d’ouvrages et le développement de quelques nouveaux sites.

Comité interministériel de l’eau

Il faut enfin créer un Comité interministériel de l’eau, sur le modèle de qui a été fait pour la mer, regroupant l’ensemble des ministères concernés (écologie, énergie, agriculture) et permettant d’appuyer un développement raisonné de l’hydroélectricité conciliant les différents usages.

L’ensemble de ces mesures bénéficierait à la filière industrielle française de l’hydroélectricité, qui est une filière d’excellence au rayonnement mondial. Composée à la fois de grands groupes et de PME performantes, notamment dans le domaine industriel, elle représente aujourd’hui près de 17 000 emplois directs et indirects.

L’hydroélectricité est une énergie d’avenir. Il est encore temps de se saisir du sujet pour continuer à en faire une composante majeure de notre mix énergétique !
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