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POLITIQUES

Hervé Juvin : « Il faut redonner le pouvoir au local »

PUBLIÉ LE 23 MARS 2022
PROPOS RECUEILLIS PAR ANTHONY LAURENT
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Hervé Juvin : « Il faut redonner le pouvoir au local »
Hervé Juvin, député européen et conseiller régional RN des Pays de la Loire.
Eminence grise du Rassemblement national et conseiller écologie de Marine Le Pen, Hervé Juvin, député européen et conseiller régional des Pays de la Loire, présente le programme environnemental de la candidate d’extrême-droite à l’élection présidentielle, contre « l’écologie punitive » et pour « la souveraineté nationale ». Rencontre.

Environnement Magazine : Quel est le positionnement politique de Marine Le Pen concernant l’écologie ?

Hervé Juvin : Il y a cinq grandes lignes directrices. La première, c’est l’écologie de la joie de vivre en France. C’est l’écologie d’être bien chez soi, sur son territoire, dans son quartier. Nous pensons que le principal risque pour l’adhésion des Français aux enjeux environnementaux, c’est l’écologie punitive. La deuxième ligne directrice, c’est la géopolitique mondiale concernant l’énergie. Nous sommes attachés à l’autonomie que nous procure le nucléaire, aussi bien civil que militaire. Si vous cassez le nucléaire civil de la France, vous cassez son indépendance stratégique. Pour nous, le combat pour l’écologie est indissociable de la souveraineté nationale.

La troisième ligne directrice du programme environnemental de Marine Le Pen, c’est l’adhésion des populations : il n’y a pas de politique environnementale durable et soutenable sans elles. Il faut pour cela redonner le pouvoir au local, via par exemple le référendum d’initiative local. Il faut aussi restaurer toutes les procédures de consultation des riverains, tout comme l’expertise publique, détricotées sous le mandat d’Emmanuel Macron. La quatrième ligne directrice, c’est la gouvernance économique. Pour permettre la transition écologique, il faut accompagner les Français, pour l’achat de véhicules électriques, hybrides ou Crit’air 1 ou pour la rénovation des logements, par exemple. Pour ce faire, nous prévoyons de consacrer 30 à 35 milliards d’euros par an au financement de la transition écologique : 10 à 15 milliards destinés aux entreprises de l’économie circulaire et de la transition énergétique, 10 à 15 milliards pour la transition automobile et pour la rénovation des logements, et les quelques milliards restants seront dédiés à l’entretien du patrimoine écologique naturel et des paysages. Sur un quinquennat, notre financement atteindra donc les 175 milliards d’euros, ce qui nous permettra d’être en ligne avec l’Accord de Paris.

Comment « redonner le pouvoir au local » ? Autrement dit, comment associer davantage les populations dans les prises de décision ?

Le Grenelle de l’environnement, organisé en 2007 sous Nicolas Sarkozy, représente un modèle de consultation exemplaire. Nous pourrions nous en inspirer à nouveau. Le succès de ce genre de consultation passe par l’ouverture la plus large possible à toutes les parties prenantes, en s’appuyant notamment sur l’expertise des ONG environnementales représentatives. Sur le fond, le savoir et l’intérêt pour la nature sont la clé. Les Français entretiennent un rapport direct à la terre, à la nature, il faut cultiver cela. Par ailleurs, aujourd’hui, l’Etat a trop recours aux cabinets de conseil en stratégie. Nous sommes en train de substituer à l’expertise publique, et notamment celle des grands corps de l’Etat, la soi-disant expertise des cabinets de conseil, dont je doute qu’ils aient une connaissance fine du fonctionnement et des rouages de l’Etat. Cette situation constitue une vraie atteinte à la tradition administrative française.

Quel est le mix énergétique défendu par le Rassemblement national ?

Chaque énergie disponible trouvera sa place dans notre mix énergétique. Il ne faut pas se mentir, dans les années qui viennent, nous continuerons à utiliser le charbon, le pétrole et le gaz, tout en souhaitant qu’ils aient la plus petite place possible. Concernant les énergies renouvelables, nous procéderons à un moratoire sur l’éolien, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas d’éoliennes en France. Nous n’avons pas de problème pour qu’il y ait des éoliennes dans des zones déjà artificialisées – comme aux abords des autoroutes et des zones industrielles, par exemple – ou en mer lointaine où elles ne gênent pas les riverains. Le problème central des éoliennes, ce sont les subventions exorbitantes dont 80 % partent à l’étranger. Nous ne pouvons pas continuer à subventionner ce qui s’apparente à une opération de pillage des fonds publics. Il faut revoir les tarifs auxquels on rachète l’électricité produite par les éoliennes.

Et concernant les transports ?

Nous regrettons l’impasse dans laquelle nous sommes aujourd’hui concernant l’industrie automobile. Il faut continuer à faire des recherches sur les moteurs thermiques à très basse consommation pour des véhicules les plus légers possibles. Les échéances actuelles d’interdiction d’accès aux agglomérations pour les véhicules les plus polluants sont totalement inacceptables : il faut revoir ces échéances, tout en concevant un plan d’aides massif pour permettre la reconversion du parc. Les solutions de transports collectifs restent difficiles à déployer sur une grande partie du territoire national et le vélo n’est pas une solution crédible pour la majorité des Français.

Quelle serait la politique de la ville sous Marine Le Pen ?

Il faut revoir complètement l’ancien schéma basé sur la spécialisation fonctionnelle des espaces – un quartier pour dormir, un autre pour travailler, un autre pour faire ses courses, etc. Ce schéma suppose soit un réseau extrêmement dense de transports urbains, mais valable uniquement en cœur de ville, soit la mobilité individuelle, qui ne peut pas être une solution d’avenir. Il faut donc repenser la ville en multifonctionnel, c’est-à-dire que l’on devrait aller à pied au travail, au cinéma, faire vos courses, etc. La notion de quartier comme lieu de vie est en train de prendre une grande importance. Pour nous, la solution passe par la revalorisation et la réhabilitation des cœurs de ville, notamment à travers la rénovation de 120.000 logements par an et l’aménagement de logements modernes dans le bâti ancien. Il faut également prévoir l’accès à la nature pour tous les urbains : aucun enfant ne doit grandir sans contact avec une plante, une fleur, un arbre, un animal ; il y a autre chose que les écrans numériques dans la vie. Cela nous semble vital pour la civilisation dans laquelle nous voulons être.

Quel est le programme du Rassemblement national concernant la santé environnementale ?

Il s’appuie sur trois piliers. Tout d’abord, il faut redonner des moyens à l’hôpital. Ensuite, il faut rendre l’autonomie de prescription aux médecins : la médecine libérale tend à disparaitre en devenant progressivement le représentant des « Big pharma ». Enfin, il faut informer davantage les consommateurs au sujet des produits alimentaires qu’ils achètent, tout en faisant en sorte que les industries agro-alimentaires soient tenues pour responsables des dommages qu’elles infligent sur la santé humaine.
 
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