L’année 2023 sera marquée par l’examen de la loi de programmation quinquennale sur l’énergie et le climat (LPEC) et la loi sur l’industrie verte, qui offrent une opportunité à la France de mettre à jour ses objectifs de décarbonation et de soutenir les filières participant à ce mouvement. À cet effet, l’association Équilibre des Énergies veut attirer l’attention des acteurs politiques sur l’importance des technologies CCUS (captage, stockage et valorisation du CO2) et les invite à mettre en place une stratégie de développement.
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Au niveau européen, l’enthousiasme pour ces technologies gagne du terrain puisque l’Union européenne évalue cette contribution entre 330 à 550 MtCO2 en 2050. De son côté, la politique française est encore hésitante, ne prévoyant que 5 MtCO2/an évitées dans l’industrie en 2050 grâce au CCS dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) approuvée en avril 2020.
Le modèle « hubs and clusters »
Le retour du CCUS sur le devant de la scène au niveau international, s’accompagne d’une nouvelle vision d’organisation : les filières intégrées allant de la source émettrice au site de stockage tendent à se décomposer en deux éléments successifs en Europe. D’une part, la partie amont qui consiste à acheminer le CO2 récupéré dans l’hinterland par pipeline vers des hubs situés en bordure des côtes. Ces hubs regroupent des installations industrielles en clusters, telles que des aciéries, des cimenteries, des industries chimiques ou des usines d’incinération de déchets. D’autre part, la partie aval est assurée par des opérateurs, généralement des compagnies pétrolières, qui prennent en charge le CO2 au niveau des hubs portuaires pour l’expédier par bateau vers des sites de stockage en mer.
Cette approche modulaire « hubs and clusters » pourrait faciliter le développement de projets CCUS en France et dans le reste de l’Europe, et s’accompagne d’une diversification des sources d’émissions de CO2 susceptibles d’alimenter la filière. Au niveau mondial, les centrales thermiques à charbon resteront un champ d’application possible, notamment dans les pays émergents. D’autres pistes en vue : les secteurs industriels tels que le ciment, la sidérurgie, la chimie et la pétrochimie. Ces industries produisant des émissions de CO2 peuvent utiliser le CCUS pour décarboner leurs activités à haute intensité énergétique. « Un autre facteur intéressant, apparu au cours des dernières années, est la possibilité d’utiliser et donc de valoriser le CO2 récupéré par captage, ajoute l’association. Le CO2 récupéré peut ensuite être utilisé dans la chimie, la construction et la fabrication des carburants de synthèse qui sont indispensables à la décarbonation du secteur aérien. Le carbone rentrant dans la fabrication des SAF peut certes être issu de la biomasse mais les disponibilités en sont limitées ».
Au regard des résultats, Équilibre des Énergies appelle l’État à prendre des mesures plus ambitieuses pour l’essor de ces technologies de captage et de valorisation du CO2. Pour ne pas « se retrouver isolée », la France est invitée à inclure dans la nouvelle Stratégie française sur l’énergie et le climat (SFEC), « la contribution du CCUS, tant en ce qui concerne son potentiel de décarbonation que son impact sur l’activité industrielle ».