Malgré la montée en puissance des enjeux écologiques et sociaux dans le débat public, l’épargne responsable peine encore à s’imposer dans les pratiques des Français. C’est ce que révèle une récente enquête d’opinion menée par Toluna Harris Interactive pour le label ISR (Investissement Socialement Responsable). Si la conscience environnementale progresse, elle ne se traduit pas encore massivement dans les choix d’épargne, qui demeurent majoritairement traditionnels et sécurisés.
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Deux motivations principales guident ces choix : la sécurité (absence de perte de capital) et la rentabilité. La prudence reste donc le maître mot en matière d’épargne, freinant de fait l’essor des produits responsables, perçus comme plus complexes ou moins fiables.
Une épargne responsable encore trop méconnue
L’étude met en lumière une méconnaissance persistante de l’épargne responsable. Seul un Français sur cinq en a déjà entendu parler, et à peine 12 % ont déjà investi dans un produit labellisé. Ce déficit d’information est pleinement reconnu par les intéressés eux-mêmes : 73 % estiment ne pas être suffisamment informés sur ce type de placement.
La notoriété des labels dédiés reste également limitée. Si 75 % des Français font confiance aux labels en général, ils ne sont que 46 % à connaître ceux relatifs à l’épargne responsable. Parmi eux, 57 % identifient le label ISR, pourtant créé en 2016 pour apporter une garantie de sérieux et de transparence aux produits d’investissement vertueux.
Des attentes fortes en matière d’impact
Pourtant, la confiance dans l’épargne responsable est réelle : 63 % des répondants s’y disent favorables, même s’ils réclament davantage de clarté sur l’usage des fonds. Les Français plébiscitent les projets environnementaux – protection des ressources en eau (93 %), biodiversité (89 %), lutte contre le changement climatique (88 %) – mais aussi les initiatives sociales comme la défense des droits humains (88 %).
Les priorités diffèrent selon les générations. Les plus jeunes se tournent davantage vers des causes sociales : égalité femmes-hommes, bien-être au travail ou droits de l’Homme. Les plus âgés privilégient les thématiques environnementales, comme la gestion des déchets ou la transition énergétique.
Un levier encore sous-utilisé
Pour Michèle Pappalardo, présidente du Comité du label ISR, l’étude confirme “l’intérêt de bon nombre de Français pour ce type d’investissement”, tout en pointant une méfiance liée à un manque d’information. “C’est tout l’intérêt du label ISR que de donner confiance aux épargnants”, affirme-t-elle, rappelant les exigences du référentiel renforcé en 2024 et le rôle des certificateurs indépendants.
Le défi est désormais clair : mieux faire connaître les produits responsables, leur fonctionnement, leur impact concret. Car si la finance durable veut s’imposer, elle doit avant tout gagner la bataille de la pédagogie et de la transparence.