Depuis plusieurs années, le réemploi via une logique commerciale de ce bois était pratiqué en toute impunité dans l’hexagone au mépris de la directive « créosote » de 2001 et de la directive relative à la restriction des CCA de 2003. Les poteaux électriques ou les traverses de chemin de fer ont traditionnellement alimenté un marché de l’occasion, destiné en majorité aux particuliers. Finissant en clôture de jardin, murets de potager ou terrasses d’habitation, ce bois traité n’avait jamais fait l’objet d’une mention particulière quant aux risques sanitaires encourus par l’usager. Et ce malgré un décret de 2002, spécifiant la nature toxique de la créosote. En avril 2007, l’association Robin des Bois tire la sonnette d’alarme en publiant une note d’information intitulée : « Quand RFF et SNCF déraillent ». Elle met en cause des pratiques illégales et dangereuses du commerce de traverses avec l’aval de l’entreprise publique. Le gisement est évalué à l’époque à 100 000 t/an. Si RFF affirme aujourd’hui avoir fermé les yeux sur la vente locale (estimée selon Robin des Bois à environ 50 000 t/an de bois traité), il ne tient pas compte de la vente pratiquée par la Direction des Achats de la SNCF d’environ 40 000 t/an aux grossistes. Et c’est là que le bât blesse. Revendues sur Internet ou chez des détaillants, les traverses se sont dispersées dans la nature, sans aucune traçabilité malgré leur statut de déchet dangereux. Pour mettre un terme à ce trafic incontrôlé, les trois entreprises françaises détentrices de la majorité du gisement de bois traités usagés – 75 000 t pour la SNCF, 18 000 t pour France Télécom et environ 3000 t pour le réseau électrique - s’engagent désormais à développer une filière de collecte et de valorisation par traitement thermique. La filière cimentière serait la seule piste sérieuse à ce jour, utilisée pour éliminer les poteaux de France Télécom. Un exutoire qui risque de coûter cher aux détenteurs. Ramené au gisement global annuel, le traitement s’élèverait à 7 millions d’euros par an. En attendant, les recherches sont en cours pour trouver des alternatives à la créosote, mais à ce jour, aucune garantie n’est donnée avant 10 ans au minimum, affirment les responsables de RFF.CM