Imaginez un monde où les rosiers remplaceraient les barbelés... Alors que l'exigence de sécurité va partout croissante, l'idée semble farfelue. Mais le pépiniériste Daniel Soupe y croit. Il installe depuis bientôt vingt ans ses haies défensives autour de prisons et a créé, en 2004, l'entreprise Sinnoveg afin de développer l'usage des clôtures végétales dans les lieux publics et chez les particuliers.
Le principe est simple : des buissons hauts et épineux sont tressés afin d'empêcher leur traversée et, pour limiter les risques d'accidents dans certains lieux fréquentés, « deux rangées de plantes sans épines peuvent entourer une rangée à épines », explique Daniel Soupe. Une vingtaine d'espèces décoratives, dont de nombreuses à fleurs ou à fruits, peuvent ainsi venir renforcer un grillage. Des fils barbelés peuvent également être cachés dans les buissons, pour les zones les plus à risques.
Avant chaque installation, la société conduit des études de risques et de terrain, puis une entreprise extérieure, formée par Sinnoveg, s'occupe de l'installation et de l'entretien des végétaux, le temps que ceux-ci atteignent leur taille maximale. Passées les premières années, aucun entretien n'est ensuite nécessaire. Le prix est très variable, de 30 à 300 euros le mètre en fonction de l'espèce, du nombre de rangées installées, de l'ajout ou non de barbelés, etc. « C'est en tout cas moins cher que de devoir tous les mois remplacer un grillage forcé », explique Chantal Vautier, déléguée sûreté pour le réseau Transilien à la SNCF, qui a installé des clôtures végétales sur plusieurs de ses gares d'Ile-de-France.
Convaincre les premiers clients a cependant « été très dur, car les gens se disaient que c'était trop simple », se souvient Daniel Soupe. Depuis, la bouture a pris, car le système a fait ses preuves : à la déchèterie de Meximieux, si « les deux premières années, il y avait encore quelques intrusions », témoigne Alain Magdelaine, responsable du service de gestion des déchets à la communauté de communes de la plaine de l'Ain, « maintenant que les haies ont atteint leur taille maximale, nous n'avons plus d'incidents. Nous avons d'ailleurs reçu quelques demandes de visites de la part de collectivités intéressées. »
La clientèle de Sinnoveg est aujourd'hui très variée : SNCF, déchèteries, mais aussi, d'après Daniel Soupe, « de nombreux services de l'État, comme l'armée, des gestionnaires de zones de captage d'eau potable, d'usines, d'aéroports, d'établissements scolaires... ». Forte de son succès, Sinnoveg, qui ne se connaît pour l'instant pas de concurrents, a récemment installé de nouvelles pépinières en Chine et au Maghreb.