Quelque 880 catastrophes naturelles, 20 000 morts et un coût de 92 milliards d'euros, c'est le bilan du réassureur Munich Re pour l'année 2013. Cette fois, ces événements dramatiques n'étaient pas circonscrits à une zone éloignée du bout du monde mais ont touché toute la planète, des États-Unis au Japon en passant par l'Europe. En France, l'ampleur et la durée des inondations, la fréquence et la force des tempêtes ont provoqué des dégâts dont les coûts économiques et environnementaux ne sont pas encore chiffrés. Le bilan de la région Aquitaine en termes d'érosion du littoral est à lui seul édifiant. Entre le 23 décembre 2013 et le 7 janvier 2014, le recul du trait de côte dépasse 10 mètres dans de nombreux sites et menace jusqu'à l'existence de bâtiments et d'infrastructures.
L'intensité des conditions météo mobilise les pouvoirs publics et les services de secours. Elle met à l'épreuve la qualité des mesures d'alerte et de prévention existantes. Et l'exercice vaut autant pour les régions touchées que celles qui pourraient l'être. Ainsi, un rapport de l'OCDE sur la prévention du risque d'inondation de la Seine en Île-de-France considère que, malgré les investissements de protection, la vulnérabilité a augmenté depuis la crue de 1910. Il estime les dommages d'un tel événement entre 3 et 30 milliards d'euros selon les scénarios. Il appelle notamment à une meilleure préparation des réseaux critiques (énergie, eau, déchets), à la réduction de la vulnérabilité des entreprises et à une meilleure prise en compte des risques dans les politiques d'aménagement.
L'autre bénéfice de ces drames, largement relayés en images et en témoignages, est de rendre visible localement la réalité des conséquences du changement climatique global. Ils contribuent ainsi à affaiblir les discours des climato-sceptiques et autorisent de nouvelles initiatives politiques jusqu'aux États-Unis. John Kerry a qualifié le réchauffement climatique de « plus grande arme de destruction massive » et Barack Obama a annoncé la création d'un fonds sur le climat doté d'un milliard de dollars. Ce contexte ne peut que servir la conférence climatique onusienne programmée à Paris fin 2015 et les ambitions du président de la République de parvenir à un accord mondial ambitieux malgré la crise.