Le cabinet d'études de Xerfipublie une étude sur la gestion des déchets à l'horizon 2020. Cette nouvelle édition (la précédente date d'il y a deux ans) marque une période de rupture et son auteur Thibaud Brejon de Lavergnée le souligne : « Les professionnels sont rattrapés par une crise désormais structurelle. » Les stratégies des entreprises vont s'en trouver révisées, à commencer par celles des groupes, Sita et Véolia mais également celles des entreprises de taille intermédiaires comme Derichebourg et Paprec. C'est leur niveau d'endettement qui dicte aujourd'hui les stratégies. D'aucunes se recentrent sur leur métier et rationalisent leur outil de production. Plutôt que les opérations de fusions-acquisitions, les alliances et les partenariats doivent se développer. Les deux groupes, plus internationalisés « vont davantage cibler des pays à fort potentiel de croissance, quelques pays au sein d'une zone », prédit l'expert. Il voit peu d'intérêt, en termes de rentabilité, aux quelques tentatives de diversification par la collecte des déchets ménagers pour accéder à la ressource. À l'inverse, il prévoit de meilleurs jours au recyclage pour peu que le tournant qualité soit pris. « C'est un constat et en même temps un conseil, nous dit-il, de passer d'une stratégie des volumes à une stratégie de la valeur. » Pour mettre le cap sur des services à plus forte valeur ajoutée, et donc restaurer les marges, des priorités sont à définir parmi lesquelles la réactivité et la proximité clients, la qualité des prestations, la gestion globale des déchets générés dans une entreprise ou une collectivité. Pour générer une amélioration des qualités triées, une réduction des coûts et une meilleure flexibilité, Thibaud Brejon de Lavergnée n'hésite pas à aborder les aspects techniques avec pour la collecte, les possibilités offertes par les technologies numériques et l'automatisation des centres de tri. À la question d'un éventuel antagonisme entre ces techniques et les emplois, il répond qu'il n'y a pas de fatalité. « Cela peut être accepté si les opérateurs le gèrent bien. » Des PME ont d'ores et déjà formé leur personnel opérateurs de tri à des opérations de contrôle qualité. « La crise est structurelle, les tonnages entrant baissent et vont durablement baisser », avertit l'économiste. La conjoncture économique, la pression tarifaire associée à une concurrence exacerbée, tout invite les entreprises à réviser leur schéma de fonctionnement et à développer une vision à plus long terme.