À nouveau ministre, nouveau scénario. Sans prendre complètement le contre-pied de Delphine Batho, Ségolène Royal réécrit l'avenir de Stocamine, le centre de sto ckage de déchets ultimes de Wittelsheim (Haut-Rhin) fermé depuis douze ans, dont il s'agit de traiter les 44 000 tonnes de classe 1 et 0 qui dorment au fond d'anciennes mines de potasse (lire EM n° 1724, p. 14). La ministre a décidé d'augmenter la part retirée de mercure, la substance considérée comme la plus dangereuse pour la nappe phréatique voisine. Au lieu des 56 % fixés en décembre 2012, ce sera 93 %. Selon le dossier de la concertation publique de fin 2013 et début 2014, la concentration de mercure devrait alors devenir non plus 20 fois, mais 140 fois inférieure à la limite de potabilité. L'évolution « répond à la forte attente des parties prenantes qui se sont majoritairement exprimées en faveur d'un déstockage maximum des déchets mercuriels et arséniés », écrit Ségolène Roy al. Pa s sûr. Anciens mineurs et associations environnementales, rejoints en partie par les élus locaux, militent pour un déstockage complet, seule garantie à long terme pour la nappe selon eux. « La décision est scandaleuse, la ministre s'aligne sur les experts du corps des Mines sans même avoir entendu la position de la population lors de la concertation », proteste le collectif Destocamine. Pour lui, la nouvelle version ne modifie qu'à la marge les quantités soustraites qui ne représentent que 11 % du total. Le pourcentage pourrait presque doubler si un retrait de l'arsenic se confirmait.