Que retenir des négociations qui viennent d'avoir lieu à Bonn ?Pierre Cannet : Cette séance marquait le début des véritables négociations qui doivent aboutir à un accord à Paris en décembre lors de la COP21. En février dernier, à Genève, les États s'étaient accordés sur un texte de 86 pages réunissant l'ensemble des options. L'idée était de commencer à le réduire à Bonn, de l'affiner ensuite progressivement pour qu'il ne reste plus que quelques arbitrages à rendre à Paris en fin d'année. Les avancées ont été très limitées. Un travail de compréhension mutuelle a été mené pour délimiter les positions de chaque partie. Il n'a pas vraiment permis de progresser vers des consensus sur des sujets aussi importants que les financements ou la place accordée à l'adaptation au changement climatique. Les coprésidents des négociations, un américain et un algérien, ont finalement reçu le mandat de synthétiser d'ici à la fin juillet les discussions qui ont eu lieu. Comment accélérer le processus ?PC : La discussion doit être portée au niveau politique. On ne peut pas demander aux négociateurs d'avancer plus vite que leurs gouvernements. Prenez les pays du G7. Ils viennent de réitérer leur engagement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à contribuer à l'enveloppe des 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Mais sans donner le moindre détail. Il faut absolument y voir plus clair. Quelles parts de financements publics et privés ? Sous forme de dons ou de prêts ? Quelle articulation avec les aides au développement ? Comment rediriger l'argent aujourd'hui orienté vers les fossiles ? Quelles doivent être les priorités des prochaines réunions ?PC : Restons optimistes. Tous les espoirs sont permis. Les négociations reprendront fin août, toujours à Bonn. Avant cela, des rencontres informelles seront organisées à Paris les 20 et 21 juillet. La plupart des contributions fixent pour l'instant des objectifs à l'horizon 2025 ou 2030. Il faut davantage mettre l'accent sur la période 2015-2020. Un rapport de l'Agence internationale de l'énergie, publié le 15 juin, le réaffirme : les engagements pris ne permettront pas, à ce stade, de respecter la limite des +2 °C. Alors que les émissions mondiales doivent atteindre un pic avant 2020, la dynamique actuelle le place autour de 2030. Quant au budget carbone disponible, c'est-à-dire la quantité globale de gaz à effet de serre qui peut être émise d'ici à la fin du siècle sans dépasser les 2 °C, il sera épuisé dès 2040. Enfin, il y a l'Agenda des solutions, qui n'est pas assez structuré. Ce ne doit pas être un moyen pour les États de se décharger de leurs responsabilités sur les entreprises et les collectivités locales.TB