Rares sont aujourd'hui les entreprises françaises qui travaillent les plumes usagées, ou plumes de couchés comme on les appelle dans la profession. Selon la branche d'activité plumes et duvets à la Fédération des entreprises du recyclage Federec, le secteur des plumes de récupération est composé de moins de 10 entreprises en France. Tour d'horizon (article publié en avril-mai 2015).« Pour ce qui est du traitement des couchés et de leur recyclage, une seule société installée dans le centre effectue un traitement complet. Deux ou trois autres effectuent du triage mécanique et du conditionnement pour des industriels français ou étrangers » précise Pierre Capellot, président honoraire du syndicat national des duvets et des plumes . Les « couchés », qui correspondent aux articles usagés qui contiennent des plumes et/ou duvets, sont donc peu valorisés sur le marché français. L'une des raisons : les intermédiaires, qui fournissent les entreprises en lots de « couchés », n'assurent pas une garantie de qualité sur les plumes et les duvets. « Cela peut aller à des exclusions de qualités qui n’ont rien à faire sur le marché et qui peuvent représenter jusqu’à 50 % des volumes », affirme Pierre Capellot. Les entreprises du secteur sont donc obligées de réaliser une sélection qualitative rigoureuse pour répondre aux attentes des consommateurs.Plumes neuves contre plumes usagéesCe recul de la plume de couchés s'est enclenché au début des années 1980. À cette époque, on assiste à une progression constante de la production de canards à rôtir. Actuellement, la France produit quelques 75 millions de canards par an. Oreillers, traversins et encore cousins peuvent donc être remplis de plumes neuves sans faire appel aux plumes de récupération. « Les duvets neufs de canards étant bien valorisés, le prix des plumes est donc relativement bas, explique le responsable de la branche d'activité plumes et duvets chez Federec. De ce fait, le recyclage des articles usagés dans le secteur des couchés n’est pas rentable par rapport à ce prix et au vu du travail que cela représente. »Malgré tout, le marché des plumes de couchés a connu de bons résultats ces dernières années, tiré par le développement du marché intérieur chinois. Globalement, que ce soit au niveau français ou à l'exportation, les plumes sont utilisées pour garnir des vêtements et intéressent le secteur de la literie, demandeur pour des produits de grande distribution.Cependant, Pierre Capellot note actuellement un ralentissement de la demande qui touche avant tout les plumes de récupération. Cette conjoncture se couple à une concurrence étrangère « très active dans la mesure où certains pays bénéficient d’une main d’œuvre relativement bon marché et où la réglementation est moins contraignante », avance le responsable de Federec. Pour autant, Pierre Capellot ne voit pas l'avenir d'un mauvais œil, car « la mode est au recyclage » et il convient donc « d'inciter les fabricants à intégrer l'industrie du recyclage ». Actuellement, ce sujet est étudié au sein de Federec. Son responsable Pierre Capellot évoque ainsi la piste des unités de compostage pour recycler les plumes trop usées pour être réutilisées en literie. Le chiffre :Aujourd'hui, en France, quelques 8 000 tonnes d'articles « couchés » sont recyclés, ce qui génère environ 6 000 tonnes de matières destinées au recyclage.PLC/RR