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RECYCLAGE

DEEE ménagers : doubler les performances

LA RÉDACTION, LE 17 AOÛT 2015
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 Face à une situation économique peu favorable et une collecte qui ne progresse plus depuis 2011, la filière des DEEE ménagers peine à trouver des solutions pour relancer la machine. Opérateurs et éco-organismes veulent mieux travailler ensemble, tant au niveau de la collecte que de la recherche de voies de valorisation efficaces. Mais les objectifs (très) ambitieux de la directive européenne pour les prochaines années paraissent bien difficiles à atteindre (article publié en juin 2015).La collecte des DEEE ménagers plafonne à moins 7 kg par an et par habitant depuis 2011. Soit un peu plus du tiers (34 %) des équipements mis sur le marché. Si l’objectif de la directive européenne 2012/19 de 4 kg minimum par habitant est atteint pour 2015, que dire des prochaines échéances : un taux de 45 % en tonnages de la moyenne des équipements électriques et électroniques (EEE) mis sur le marché au cours des trois années dernières années est prévu pour 2016, soit environ 9,5 kg/hab, avant un saut à 65 % à partir de 2019, c’est-à-dire 14 kg/hab. Rien de moins qu’un doublement du niveau actuel de la collecte française ! Les acteurs de la gestion des DEEE, éco-organismes, récupérateurs et opérateurs de traitement ne sont pas dupes. « Il faut reconnaître qu’atteindre 65 % en 2019 est un sacré challenge », souligne Hervé Grimaud, directeur général de Récylum, alors même que l’éco-organisme s’approche de son côté de l’objectif 2016, avec un taux de collecte de 43 % sur son flux en 2014 (+5 % en tonnages, +9 % en nombre d’unités par rapport à 2013), soit 4780 tonnes de lampes recyclées. « Tout le monde sait qu’on n'y arrivera pas, tranche Jean-Pierre Parisi, président de Federec DEEE, on se rend compte des limites de la massification en déchètterie et dans la distribution, les éco-organismes sont conscients que, dans les conditions actuelles, ils ne peuvent pas atteindre les futurs objectifs. » « Ca va être compliqué d’atteindre 14 kg/hab en 2019, admet Richard Toffolet, directeur technique d’Eco-systèmes, mais on développe actuellement de nouveaux canaux, en partenariat avec Federec, notamment, pour accroître la collecte. » Le premier éco-organisme de la filière, avec plus de 75 % du marché et un gisement contribuant de 1 Mt d’EEE, avance pour 2014 une légère progression à 7,4 kg/hab, soit un gain de 8 % par rapport à 2013 et une collecte en hausse de 15 % sur le premier trimestre 2015 qui pourrait permettre d’atteindre 8,5 kg/hab à la fin de l’année.DEEE en mélange chez les récupérateursEn décembre dernier, Federec a signé deux conventions avec Eco-systèmes et Ecologic. L’objectif pour la filière est de récupérer des DEEE en mélange sur les sites des récupérateurs. Ces derniers auront désormais la possibilité de contractualiser directement avec Eco-systèmes et Ecologic tout en conservant la propriété des matières. Eco-systèmes annonce que 120 contrats ont déjà été signés avec des opérateurs. « Sur les 1300 adhérents de Federec, ce sont environ 800 d’entre eux qui pourraient améliorer la collecte, en triant les DEEE en mélange puis en orientant les matières vers les filières de traitement agréées par les éco-organismes », détaille Jean-Pierre Parisi. Les opérateurs devront néanmoins se conformer aux exigences des éco-organismes en matière de tri et de préparation des déchets, d’origine des matières, de reporting des ventes. « Sur le GEM hors froid, il est par exemple important d’extraire les masses béton des machines à laver, dans le cas contraire, après passage par des broyeurs VHU, on n’atteint pas taux de recyclage », rappelle Eco-systèmes. Idem pour la séparation des DEEE du reste des ferrailles sur les sites et des indésirables à dépolluer, comme le GEM froid.Eco-systèmes avançait en février le chiffre de 40 000 tonnes supplémentaires issues de la récupération et du broyage. Et Richard Toffolet d’évoquer un potentiel à terme de 200 000 tonnes de DEEE qui pourrait ainsi intégrer la filière. Federec se montre plus prudent, attendant la première réunion du mois de juin pour faire un premier bilan sur les tonnages, les types de produits récupérés, les relations contractuelles et les filières de traitement sollicitées : « Il faut notamment savoir si les sites sont capables de trier à un coût acceptable pour la filière », pointe Jean-Pierre Parisi. Parmi les flux de DEEE présents sur les sites des récupérateurs, on trouve essentiellement du GEM hors froid, un peu de GEM froid et du PAM en mélange.Le schéma actuel atteint ses limitesOutre ces conventions qui devraient permettre d’améliorer les chiffres de la collecte, nous verrons dans quelles proportions, les éco-organismes misent toujours sur des actions de sensibilisation auprès des consommateurs et de déploiement des points de collecte et d’apport volontaire pour lutter contre le stockage à domicile et sortir les DEEE des flux dirigés vers l’élimination ou qui disparaissent sur les trottoirs des grandes villes ou dans les déchetteries. Parmi les objectifs, « il faut améliorer la collecte dans les grandes agglomérations, répète Richard Toffolet, notamment grâce aux collectes de proximité. » Autre point noir récurrent, la faiblesse des flux de PAM, qui concentre les actions de communication des éco-organismes auprès du grand public. Dans les faits, la croissance des taux de collecte des PAM est en forte hausse sur 2014, avec une croissance de 20,2 % sur ses tonnages, annonce Eco-systèmes (contre +8,3 % en 2013). Reste à faire sortir des tiroirs les smartphones, appareils photos et autres ordinateurs portables. Et développer la reprise du 1 pour 0. Autre piste : « Capter plus d’ordinateurs qui partent chez des brockers avec derrière un enjeu sur les métaux stratégiques », pointe Richard Toffolet.En ce qui concerne les lampes, flux numéro 1 en nombre d’unités à traiter, même si elle ne représente que 1 % des tonnages, Récylum affiche un taux de 43 %, soit 43 millions d’unités collectées en 2014 (+9 %). Et un résultat supérieur de 10 % aux objectifs de son agrément à la fin 2014 : 31 000 t pour un objectif de 28 000 t entre 2006 et 2014. « Plus que les tonnages, ce qui est important de constater c’est la progression du geste de tri de la part du consommateur, que l’on mesure bien avec la progression du nombre d’unités collectées l’an dernier », se félicite Hervé Grimaud. Si l’éco-organisme bénéficie de l’arrivée en fin de vie des lampes fluocompactes, dont les ventes ont explosé à partir de 2010, il a continué à développer le réseau de collecte (+5 % dans les déchetteries, +10 % dans la distribution), qui atteint aujourd’hui 17 000 points d’apport volontaire.Parmi les axes d’amélioration de la collecte, Récylum déploie ses bacs Lumibox dans les commerces de proximité : « 8000 ont été équipés depuis 2011, et l’objectif 2015 est d’en équiper 1000 à 1500 supplémentaires », ajoute Hervé Grimaud. Autre piste, fournir des abris métalliques communicants à certaines déchetteries dont les zones pour DMS sont encombrées, ce qui pénalise la collecte des lampes, estime l’éco-organisme. Une centaine de déchetterie a été dotée depuis 2 ans avec des effets positifs sur la collecte.Enfin, Récylum cible à la fois les activités de démolition et de rénovation, via le projet Democles lancé fin 2014, et les déchets des PME de 50 à 150 salariés, en s’associant à des partenaires. Dans le premier cas, l’idée est de promouvoir auprès des maîtres d’œuvre, d’ouvrage, entreprises de démolition, une collecte propre des lampes et de certaines matières (huisseries, faux plafonds, sols souples, équipements électriques). Et de fournir, avec la collaboration des acteurs de la gestion des déchets, des industriels susceptibles de recycler ces matières, comme Saint-Gobain, Siniat ou Veka. Pour les activités de bureau (les lampes restent assimilées à des déchets ménagers quelle que soit leur origine, ndlr), « Récylum a lancé en 2014 un appel à projets auprès des opérateurs de déchets pour organiser des collectes multi-déchets en s’associant avec Valdelia, Screlec, Corepile, peut-être bientôt Ecofolio, détaille Hervé Grimaud, l’objectif n’est pas de s’immiscer dans la relation commerciale avec les détenteurs mais d’accompagner et donner plus de lisibilité à une offre globale. » L’appel à projets se termine dans quelques mois.L’épineux problème des plastiquesAu-delà des actions permettant d’optimiser la collecte, les enjeux majeurs de la filière restent ceux du recyclage. Et parmi eux, le plus complexe demeure le traitement des plastiques. Selon l’étude Deloitte intitulée Analyse de la chaîne de valeur du recyclage des plastiques en France, parue en 2014, commandée par 2ACR (Association Alliance Chimie Recyclage), l’Ademe et la DGE du ministère de l’Economie, le gisement théorique de plastiques contenu dans les DEEE s’élèverait à 270 000 tonnes, pour une collecte estimée à 80 000 tonnes, dont 30 000 tonnes envoyées vers le recyclage en France.« Les plastiques sont un enjeu complexe pour la filière mais nous n’atteindrons pas nos objectifs, notamment sur les PAM, si nous ne les recyclons pas », admet Richard Toffolet. Et pas question de faire comme certains voisins européens qui comptabilisent comme recyclés des plastiques à partir du moment où ils sont dirigés vers une unité de traitement, sans plus de précision. Mais au niveau européen, la question de l’uniformisation des méthodes de calcul est loin d’être réglée, si tant est qu’elle le soit un jour. « Si on ne peut pas uniformiser les modes de calculs, il faut adopter a minima un indice de confiance, plaide Richard Toffolet, car il ne faut pas pénaliser ceux qui travaillent correctement et on sait que plus les calculs sont précis plus les taux sont bas ».Même son de cloche chez Federec à propos du Weeelabex. « Nous craignons qu’il soit interprété différemment selon les pays, note Jean-Pierre Parisi, on ne veut pas être les seuls à subir une obligation de tri des plastiques avec des seuils de POP ou de RFB très contraignants ». « Pour la partie bromée, on s’oriente plutôt vers des solutions de valorisation énergétique avec l’enjeu d’une filière de CSR en France, glisse Richard Toffolet, à condition que cette fraction soit considérée comme non dangereuse, ce vers quoi on s’oriente, a priori, mais il faut attendre la décision de la Commission européenne. » « Espérons que la France ne sera pas le seul pays à considérer cette fraction comme dangereuse alors que les pays européens sont sur une ligne de DND », pointe Jean-Pierre Parisi.Trouver d’autres débouchésAméliorer le sort des plastiques recyclés passe aussi par un développement de la filière aval et une croissance du nombre de clients potentiels. « Faire un plastique recyclé de qualité, ça veut dire quoi pour un éventuel repreneur, quand il n’y a pas de normalisation sur la qualité des plastiques après recyclage et qu’il existe toute sorte de matrices et d’additifs, on est bien loin du marché des métaux », reconnaît Richard Toffolet. Et le niveau des cours des résines vierges et du baril de pétrole n’aident pas à stimuler l’appétence pour le recyclé. Mais Eco-systèmes veut promouvoir son usage, notamment auprès des fabricants d’électroménager… qui sont aussi ses actionnaires.Autre enjeu du recyclage, pour Récylum cette fois, les LED. « Pour le moment, on en collecte très peu, de l’ordre de 4 tonnes en 2014, indique Hervé Grimaud, donc on les met de côté en attendant des volumes plus importants qui nous permettront de faire des essais représentatifs et préparer l’industrialisation de leur recyclage, c’est notre rôle d’éco-organisme de débroussailler le terrain avant que les recycleurs se lancent dans le développement d’outils. » Les LED peuvent néanmoins être introduites dans les machines actuelles mais Récylum mise sur une amélioration du rendement et peut-être des technologies spécifiques. Comme ce fut le cas pour le traitement des poudres luminophores, enfouies jusqu’en 2011, avant la concrétisation du partenariat avec Rhodia qui a permis au groupe industriel de créer un atelier d’extraction des terres rares contenues dans les poudres. La filière de traitement des DEEE a besoin d’un second souffle après trois années de collecte en palier et une situation économique peu favorable aux matières secondaires. L’engagement et la lucidité des acteurs de la filière sur les limites des schémas actuels est une bonne chose. Mais il est peu probable que cela suffise pour doubler les volumes collectés d’ici à 5 ans.GA/RR


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