Selon les derniers chiffres, la collecte et le traitement dans la branche textile ont augmenté de 10 % par rapport à 2013. La progression est au rendez-vous mais pourrait être encore plus forte, regrette Mehdi Zerroug, président de la branche Textiles de FEDEREC. En 2014, la filière a collecté 175 000 t de textiles usagés sur un gisement disponible de 600 000 t et en a valorisé 165 000 t, soit 94 %.
Tensions sur le marché mondial Si la profession garde espoir, des inquiétudes sont visibles depuis 2014, liées aux tensions sur le marché mondial (épidémies en Afrique, terrorisme, conflits politiques). Le ralentissement de la demande pour le réemploi semble enclenché.
Les opérateurs collectant et triant les textiles collectent la majorité des tonnages (53 %), contre 33 % pour les collecteurs professionnels non-trieurs et 14 % pour les associations. Leur activité dépend principalement de la part de réemploi issu du prix du brut de collecte. Celle-ci finance l'essentiel des activités de collecte et de tri. D'où la nécessité de récupérer, dans le flux collecté, les meilleures qualités possibles, qui, après tri, seront revendues sur le marché mondial. Or, depuis 2014, les obstacles surgissent : moindre demande en raison de facteurs géopolitiques défavorables, concurrence féroce de pays comme la Chine qui vendent sur le marché africain des vêtements neufs moins chers que des textiles de seconde main. À cela s'ajoute depuis quelques mois une baisse sensible de la qualité dans le flux « brut de collecte », souligne Mehdi Zerroug.
Les opérateurs de tri fragilisés
Depuis 2013, la demande globale en brut de collecte baisse. Cette baisse touche en premier lieu les gisements de faible quantité. Dans ce contexte, les associations ne trouvent plus de débouchés pour leurs rebuts de vestiaires écrémés, plus pauvres en réemploi. Ces tonnages se retrouvent mélangés au brut de collecte, censé être composé de 65 % de réemploi et appauvrissent l'ensemble du flux. Résultat : une baisse de qualité entraînant un recul du réemploi et du prix de vente. Or, si la part des débouchés en réemploi faiblit, les opérateurs de tri ne peuvent plus dégager de marge ou rentabiliser leur activité. L'effiloché, qui réprésente 25 % des tonnages, et les coupés en chiffons, 10 %, ne permettent pas d'assurer l'équilibre financier d'une entreprise de tri. En effet, leur traitement a un coût de plus en plus difficile à répercuter lors de la vente. Seul le réemploi peut amortir l'ensemble de ces coûts. Le chiffre d'affaires pour 2014 a été évalué à 70 M€.
Malgré des tonnages en hausse, le chiffre d'affaires est relativement stable par rapport à 2013, conséquence de la baisse du prix de vente. De nouvelles pistes sont creusées pour compenser cette possible inversion de tendance. Eco-TLC, par exemple, aide au financement de programmes R & D sur le recyclage. De nouveaux débouchés à plus forte valeur ajoutée sont à l'étude. Un comité d'observatoire des coûts nets du tri commence à rassembler des données depuis 2012. Mais cela prend du temps, et le risque est de voir à moyen terme certains opérateurs de tri ralentir ou arrêter leur activité. n