1 Après avoir géré ses canaux durant trois ans, la Bourgogne arrête l'expérimentation. Pourquoi ?
Il y a un tel lien entre les canaux et leur territoire que cette gestion reviendra un jour aux collectivités. Aujourd'hui, c'est impossible. D'abord, parce que le coût à supporter s'est avéré plus important que prévu. La gestion des boues, par exemple, est un vrai casse-tête. En Bourgogne, leur dragage et leur traitement pourraient coûter entre 80 et 100 millions d'euros. Ensuite, et surtout, parce que, raisonnablement, je ne pouvais pas intégrer 400 équivalents temps plein dans les effectifs de la Région. J'espérais que nous pourrions passer une convention avec VNF, semblable à celle qui nous lie à la SNCF. Or, la loi l'interdit.
2 Faut-il en déduire que la Région abandonne ses canaux ?
Certainement pas. Avant de lancer l'expérimentation, l'État nous disait : « Ou vous reprenez la gestion des voies d'eau ou on ne s'occupe plus que du strict nécessaire : la gestion hydraulique et la sécurité ». Avec l'expérimentation, 30 millions d'euros ont été investis, dont huit par la Région et six par l'Union européenne. Cela nous a permis d'installer des palplanches pour garantir l'étanchéité des canaux, de réparer des écluses ou de restaurer la voûte de Pouilly-en-Auxois. Sans expérimentation, il n'y aurait pas eu cet investissement et 20 % du personnel aurait sans doute disparu, victimes de la Révision générale des politiques pu bliques (RGPP). La nouvelle convention tripartite que nous venons de signer avec VNF et l'État va nous permettre de continuer à avancer. L'État s'engage sur un budget annuel de 4,8 millions. La Région en dépensera 3 millions : un pour l'entretien et deux pour les aménagements autour de la voie d'eau.
3 Le fret a-t-il un avenir sur les canaux de Bourgogne qui appartiennent au réseau fluvial secondaire ?
Peut-être aux extrémités, avec des chargements de granulats vers le nord et de céréales vers le sud. Quelques projets locaux intéressants existent aussi, comme sur le canal du Centre avec le transport d'ordures ménagères jusqu'à l'incinérateur, à Chalon-sur-Saône . Mais, soyons honnêtes, le fret ne se développera pas sur le canal du Nivernais par exemple. Cela ne veut pas dire que les canaux appartiennent au passé. Les retombées du tourisme fluvial sur le territoire régional sont estimées à 50 millions d'euros par an.