Concilier maintien de l'activité agricole et préservation de la qualité des eaux d'infiltration dans le pays d'Évian, c'est l'objectif que poursuit la communauté de communes du même nom en lançant le projet Terragr'eau. « Nous devons sélectionner à la fin du mois notre délégataire de service public pour l'exploitation d'une unité de méthanisation et de compostage, pour une durée de quinze ans et un montant compris entre 7 et 8 millions d'euros, dont un tiers pourrait être subventionné », chiffre Franck Brissiaud, directeur des services techniques. Le méthaniseur traitera 44 000 tonnes d'effluents d'élevage par an pour produire entre 7 et 7,5 GWh, injectés dans le réseau GRDF. Mais la production d'énergie n'est pas ici l'objectif premier. « Nos petites exploitations traditionnelles manquent d'espace pour stocker leurs effluents d'élevage et rester dans les clous réglementaires. En permettant leur stockage et leur traçabilité, la méthanisation est un moyen de protection des 38 ha de zones humides du plateau de Gavot et donc des eaux potables et minérales du pays », remarque le directeur. Les agriculteurs vendront leurs effluents à l'unité de méthanisation et y rachèteront le digestat sous forme de compost, les AOC Abondance et Reblochon interdisant l'épandage. C'est l'Association de protection de l'impluvium des eaux d'Évian (Apieme), rassemblant élus, agriculteurs et la Société des eaux d'Évian qui a lancé le projet, repris en 2009 par la communauté de communes. « Nous avons bataillé pour tenter d'y associer tous les agriculteurs du territoire », témoigne Franck Brissiaud. Pari presque réussi puisque 48 sur 55 ont adhéré à l'opération grâce à laquelle le territoire devrait émettre 10 % de gaz à effet de serre en moins.