À l’été 2025, cent ans après leur interdiction, les baignades dans la Seine et la Marne deviennent enfin une réalité durable pour les habitants de Paris et de l’Île-de-France. Symbole fort de la transformation écologique engagée autour des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, cette reconquête des fleuves urbains incarne un nouvel usage du territoire, au croisement de l’écologie, de la santé publique et du bien-être collectif.
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Un projet de longue haleine
Lancé en 2016, le « plan Baignade » visait à rendre les fleuves baignables. Ce plan ambitieux a impliqué la modernisation des réseaux d’assainissement, la correction de milliers de mauvais branchements et la création de bassins de stockage pour mieux gérer les épisodes pluvieux.
Résultat : « les ouvrages structurants du plan Baignade permettront de réduire, en moyenne, de 30 à 40% les rejets annuels en temps de pluie » et d’augmenter la capacité de traitement de 1 à 1,5 million de m³ d’eaux usées. De plus, le nombre d’espèces de poissons dans la Seine est passé « de 14 en 1990 à 36 aujourd’hui », signe d’un retour tangible de la biodiversité. Un engagement financier conséquent a soutenu cette transformation : « 591 M€ d’aides ont été attribuées entre 2017 et le 31 décembre 2024 » par l’Agence de l’eau Seine-Normandie.
Trois baignades publiques à Paris dès juillet
Dès le 5 juillet 2025, trois sites sécurisés et gratuits ouvrent leurs portes :
- Bras Marie (Paris Centre), au pied du pont de Sully, avec un espace de 70 x 20 m pour 150 personnes. Il proposera « casiers, assises et douches extérieures, accueil, poste de secours », et sera intégré au dispositif Paris Plages.
- Bercy (12e), au pied de la passerelle Simone de Beauvoir, avec deux bassins protégés pour accueillir jusqu’à 700 personnes. Il comprendra « une plage (solarium) », des vestiaires et un poste de secours.
- Grenelle (15e), face à l’île aux Cygnes, offrira un bassin familial sécurisé et une base nautique pour pratiquer gratuitement le kayak. « De nombreux services à quai seront intégrés dans un espace arboré ».
L’eau sera surveillée quotidiennement. Les baignades seront suspendues si « les conditions ne permettent pas d’assurer la sécurité des baigneurs : courant important, qualité de l’eau insuffisante, pluies trop abondantes », apprend-on.
Val-de-Marne : l’ambition régionale
En parallèle, le Val-de-Marne se positionne comme le territoire le plus en avance avec l’objectif de créer 14 sites de baignade sur la Marne et la Seine. Deux d’entre eux, à Maisons-Alfort et Joinville-le-Pont, ouvriront dès le 28 juin 2025, grâce à un investissement de près de 11 millions d’euros par le territoire Paris Est Marne & Bois.
Ces sites intègrent un dispositif innovant de filtration de l’eau par sable pour les particules, charbon actif pour les polluants et UV pour éliminer les bactéries, complété par des capteurs automatiques et un pilotage centralisé. L’application SRYMO permettra contrôler en temps réel la qualité de l’eau et d’anticiper les risques de pollution.
L’enjeu dépasse le loisir : « Le retour de la baignade [...] constitue un puissant levier de cohésion sociale [...] tout en offrant un cadre accessible à tous pour se rafraîchir lors des épisodes de canicule ». Il s’agit aussi d’un projet éducatif, environnemental et économique global.
Soutien métropolitain
La Métropole du Grand Paris accompagne ce mouvement via sa compétence GEMAPI. Elle propose jusqu’à 1 M€ de subvention par projet et a déjà investi 5 M€ pour soutenir les sites de Paris, Joinville-le-Pont, Maisons-Alfort et Saint-Maur-des-Fossés. « Plus de 20 communes ont manifesté leur intérêt pour être accompagnées dans la mise en place de sites de baignade », signe d’un engouement territorial croissant.