La suprématie du courant alternatif s'apprête-t-elle à vaciller ? Dans certains cas, le courant continu a des atouts, selon les conclusions du projet européen Twenties, qui a réuni 26 partenaires et 55 millions d'euros de budget. « Twenties a permis de démontrer la faisabilité d'un réseau électrique en courant continu pour les éoliennes offshore », résume Olivier Grabette, directeur général adjoint chez RTE, qui a notamment travaillé sur l'exploitation en conditions normales et dégradées d'un tel réseau. Une maquette, comprenant 15 km de fils, des convertisseurs de puissance, des disjoncteurs et un système de contrôle a été construite avec l'École centrale de Lille et le laboratoire G2eLab de Grenoble. Le courant continu est intéressant pour les projets offshore, car, au-delà de 1 500 à 2 000 km, les pertes linéaires sont plus faibles. Sur des distances plus courtes, il est également retenu pour certaines lignes souterraines, car les récentes technologies de conversion permettent un pilotage plus fin des flux électriques. Autre enjeu, la sécurité en approvisionnement du réseau : aujourd'hui, les fermes éoliennes sont raccordées à terre via une seule ligne électrique. Aussi, en cas de problème sur une éolienne, c'est tout le parc qui doit s'arrêter. Adopter une structure en réseau permettrait de résoudre l'incident sur une branche tout en exploitant les autres. Mais cela implique de disposer d'un système de détection des défauts et d'un disjoncteur. C'est l'autre volet majeur de Twenties, assuré cette fois par Alstom. Le prototype a été validé au centre d'essai de Villeurbanne en mars dernier, avec une rapidité de réaction supérieure à celle de disjoncteur à courant alternatif (5,5 millisecondes).