Les méthodes de culture intensive sont désignées comme l'une des causes importantes de la pollution et de la surexploitation des ressources en eau. Si la France veut satisfaire d'ici à 2015 la directive-cadre européenne, il faudra que les pratiques agricoles évoluent. Les agences de l'eau cherchent donc à sensibiliser les exploitants agricoles à cette problématique. Dans cette logique, l'Agence de l'eau Seine-Normandie (AESN) a organisé une classe d'eau innovante au sein de la ferme pédagogique de la Bergerie nationale de Rambouillet (Yvelines), à l'intention des responsables de structures du même type, ceux-ci étant le plus souvent eux-mêmes cultivateurs et/ou éleveurs. Un public directement concerné, mais aussi informé et à priori ouvert au changement.
En effet, les quelque 400 fermes pédagogiques françaises sont le plus souvent intégrées à des exploitations agricoles, même si l'on en trouve également dans certains lycées agricoles ou collectivités locales. Elles offrent une opportunité de diversification à nombre d'agriculteurs, ou souvent d'agricultrices intéressées par l'accueil et l'animation. Elles reçoivent essentiellement des enfants dans un cadre scolaire et pendant leur temps de vacances ou de loisirs.
Réunis pour une semaine, les quinze stagiaires de cette classe d'eau d'un nouveau genre étaient néanmoins d'origine professionnelle variée. Parmi eux, une enseignante d'un lycée agricole de l'Eure, plusieurs agricultrices, des animateurs spécialisés au sein d'un réseau d'accueil à la ferme, d'un parc naturel régional ou d'une base de loisirs.
Pédagogie active
Habitués à faire découvrir leur exploitation et l'environnement à des enfants, la plupart des stagiaires n'avaient cependant jamais abordé le thème de l'eau de façon approfondie avec leur jeune public. Ils suivaient le stage pour se former et concevoir des animations qu'ils pourraient réutiliser pour sensibiliser les enfants à la rareté de l'eau et la nécessité de la préserver durablement.
Cet objectif en tête, tous appréciaient, la fin du stage venue, d'avoir pu visiter plusieurs sites spécialisés tels qu'une station d'épuration, des étangs et leur système d'alimentation, ainsi que la Bergerie nationale elle-même et ses installations. Ils avaient également été mis en contact avec nombre de professionnels, techniciens et élus... Autant de relations qu'ils avaient encore pu compléter entre eux, en mettant en commun leurs réseaux et leurs expériences.
Depuis leur création il y a vingt ans, les classes d'eau donnent toujours lieu à une réalisation pratique. Tous avaient donc préparé, par groupe, des projets d'animations à proposer à des enfants d'âge déterminé, pour une durée précise. Leur contenu, relativement simple pour les plus jeunes, pouvait devenir très dense à partir de la fin du primaire. Ravi, Pascal Maret, en charge de la direction de l'eau, des milieux aquatiques et de l'agriculture à l'AESN,
suivait ainsi une démonstration très efficace du pouvoir d'absorption et de filtration de différents types de sols, réalisée à partir de bouteilles en plastique et d'échantillons des terrains recueillis sur place. Une idée qu'il reprendrait bien lui-même, disait-il, pour présenter les nappes phréatiques auprès d'autres publics de l'agence. L'eau circule, les bonnes idées également. L'occasion s'en présentera dès le mois de mai, lors d'une future classe d'eau conçue pour un groupe d'agriculteurs.