Rendre les plages plus attractives : c'est l'un des premiers impératifs pour développer le tourisme. Sur le littoral méditerranéen, de nombreuses plages subissent une forte érosion pour des raisons variées, comme la modification des apports, la variation des niveaux, la houle ou l'impact de l'urbanisation. Ainsi, pour redonner leur attrait aux plages d'Alger (Algérie) et de Rabat (Maroc), deux villes qui font l'objet de grands projets de réaménagement, il est nécessaire de les stabiliser et de les recharger. À Alger, la société de recherche et développement Phytorestore a été chargée de concevoir les « piscines naturelles de Bab el Oued » avec l'aide d'un bureau algérois, le Laboratoire d'études maritimes. La plage elle-même doit être rechargée par apport de sable et protégée de la houle, qui peut atteindre jusqu'à 8 à 10 mètres de hauteur, par une digue de béton et de roches naturelles, détachée à quelques encablures de la plage. Dans cette lagune artificielle seront également implantés coraux et herbiers marins. Ce type de projet fait souvent appel à des équipes mêlant experts locaux et internationaux. À Rabat, le groupe de conseil et d'ingénierie Sogreah et le bureau d'études marocain CID ont ainsi travaillé pour SABR, maître d'ouvrage du projet, à l'aménagement de la partie aval de la vallée du fleuve Bouregreg. Le dragage du chenal de navigation a notamment été prévu, ce qui fournit environ 70 000 m3 de sable pour restaurer la plage, d'où une économie de moyens. La protection de la plage contre la forte houle qui rentre dans l'avant-port a été améliorée par la construction de diguettes en enrochements.Dans le golfe Arabo-Persique aussi, l'érosion des plages diminue l'attractivité des zones où elle se produit ; c'est une préoccupation de la municipalité de Dubaï, dans les Émirats arabes unis. Les autorités ont donc créé un service de gestion des côtes, chargé d'étudier l'évolution de la côte et d'éclairer les décideurs publics en matière de protection des zones côtières. Elle a notamment analysé l'évolution des plages au bord des Palms, ces énormes presqu'îles artificielles. Les résultats ont prouvé qu'après la construction de Palm Jumeirah en 2002, les plages situées du côté où frappe traditionnellement la houle ont grandi de près de 30 mètres par an, alors qu'en aval elles s'érodaient. Les vagues, pourvoyeuses de sédiments, sont stoppées par les immenses digues. Pour répondre à l'enjeu de l'érosion des plages, les autorités ont imposé, depuis 2001, aux promoteurs immobiliers de leur livrer tout le sable extrait lors des constructions. Avec ce matériau, elles remblayent les plages dégradées. Construire sur du sableLe sable, s'il manque sur les plages, est au contraire souvent un élément avec lequel il faut composer pour la construction d'infrastructures, soit parce qu'il ne leur fournit pas un sous-sol assez portant, soit parce que les parties techniques sont toujours plus audacieuses. Pour répondre à cet enjeu, l'emploi de parois moulées est de plus en plus fréquent. Au Maroc, cette technique a connu sa première mise en oeuvre pour la marina de 300 places construite dans le cadre du projet de réaménagement de la vallée du Bouregreg.Une solution encore plus innovante est proposée par la jeune entreprise nantaise Bluering, dirigée par Damien Grimont. Après avoir travaillé chez Soletanche-Bachy - qui est d'ailleurs son partenaire pour la construction de ses ports, alors que son partenaire pour la conception est le groupe SCE -, cet ingénieur a imaginé de construire les infrastructures portuaires avec des parois moulées courbes, de manière à former des « structures circulaires autostables ». Elles permettent de « construire à moindre coût sur des terrains difficiles (estuaires, bassins alluvionnaires) », explique Damien Grimont. Autre avantage, ces parois circulaires peuvent être équipées en réseaux divers, intégrer par exemple des hydropompes créant un courant interne dans le port, afin d'éviter l'envasement et de faciliter le nettoyage. Dans les pays arabes, le jeune dirigeant prévoit « de grosses perspectives de développement. Nous avons actuellement des projets de port en eaux profondes dans les Émirats arabes unis. Notre système nous permet d'aller aussi profond que nous le voulons et, en juxtaposant les cercles concentriques de parois, nous pouvons dessiner toutes formes de marinas intégrant des lieux de vie et des infrastructures à l'abri de la chaleur, avec des bateaux au dessus. »À l'abri de la houleLa solution Bluering pourrait aussi avoir une autre fonction, celle de répondre à la multiplication des tempêtes susceptibles de résulter du réchauffement climatique. Il est, en effet, envisageable de concevoir les marinas de manière à pouvoir les vider lorsqu'un ouragan s'approche : les bateaux pourraient ainsi rester au fond du port, isolés des grands vents.Plus encore qu'ailleurs, les très nombreux ouvrages portuaires et autres îles artificielles qui y sont construits doivent prendre en compte les enjeux liés au réchauffement climatique et au développement durable. Car à l'heure où ces projets sont élaborés, avec pour objectif d'assurer l'avenir des pays arabes, les dangers sont aujourd'hui bien connus. L'un des moyens de protection est la construction de digues et d'ouvrages pour casser la houle au large et protéger plages ou infrastructures. C'est l'un des savoir-faire de Sogreah, qui conçoit des digues brise-houle et a développé plusieurs générations de blocs de carapace monocouche en béton, appelés notamment l'Accropode et l'Ecopode. Les blocs Accopode doivent notamment équiper la partie la plus exposée des 23 km de digues de protection du nouveau port en eaux profondes de Ras Laffan au Qatar, dont la construction doit s'achever en 2008 sous la houlette du groupement d'entreprises hollando-belge Boskalis/Jan de Nul, attributaire des travaux. Sogreah a été chargé de l'ensemble des études des digues extérieures et des protections des différents terre-pleins portuaires de ce grand projet. Pour la digue du nouveau port à conteneurs de Tanger Méditerranée, qui atteint des profondeurs considérables, la solution retenue associe une première partie avec des digues à talus et une seconde avec des caissons. Le groupement Bouygues-Saipem a mis au point d'énormes caissons quadrilobés, d'une hauteur de 35 mètres et d'un poids de 7 600 tonnes chacun. Comme le souligne Valérie Blanchet, ingénieur chez Saipem, ces caissons de conception innovante permettent surtout de répondre au défi de la profondeur, puisque la digue de protection devait être installée par des fonds allant jusqu'à -30 mètres. « Leur emploi répondait aussi à une préoccupation environnementale, puisqu'à cette profondeur une digue classique à talus se serait révélée énorme. Il aurait fallu détruire des montagnes entières pour la réaliser ! » Leur forme géométrique semi-circulaire limite les efforts portés par la houle, et leurs parois perforées réduisent les franchissements et l'impact des vagues.Îles insubmersiblesDu côté des îles artificielles, il faut aussi prendre en compte le réchauffement climatique et la montée des mers qu'il implique. Ces îles sont généralement conçues en fonction des prévisions du comité d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat (GIEC). Ce dernier modélise notamment la montée du niveau des mers à l'horizon 2050, 2100... Le directeur de Nakheel pour l'environnement, Shaun Lenehan, a ainsi déclaré à l'AFP en juillet 2007 que les îles « ont été conçues pour résister à une tempête avec des vagues centennales de 4,5 m de haut » et pour résister à une montée de 0,6 m du niveau des mers lors des cent prochaines années.