Épurer les effluents industriels sans produire de boues : c'est la marque de fabrique de la jeune société languedocienne Akaeno, qui s'est fait remarquer en décembre 2008. Son PDG, Abdelkader Guellil, a en effet reçu le prix « environnement » des Neuvièmes victoires de la réussite, cérémonie organisée par le Club des 500, qui regroupe les acteurs et décideurs du Languedoc-Roussillon.
Ses procédés brevetés se limitent pour l'instant au secteur agroalimentaire, notamment pour le traitement des graisses. Ainsi, le procédé Enolys dégrade les graisses animales dans l'effluent lui-même, sans production de boues : les eaux traitées peuvent ensuite être envoyées vers les stations d'épuration urbaines. Quant au procédé Enotaï, il dégrade la graisse-déchet issue d'un prétraitement par flottaison, et renvoie les eaux ainsi traitées en tête de station, avant le prétraitement. Enfin, un autre procédé permet de traiter successivement les graisses, puis l'azote, afin de répondre aux besoins des abattoirs.
SÉLECTION MICROBIOLOGIQUE
Le point commun de ces procédés est d'allier une sélection de micro-organismes (bactéries, levures, champignons...) et une maîtrise des caractéristiques techniques (agitation, aération, configuration de la cuve...) pour éviter la production de boues, qui, lorsqu'elles
apparaissent, sont en majorité composées des bactéries en surnombre. « Nous veillons à ce que les bactéries sélectionnées utilisent l'énergie qu'elles tirent
de la matière organique pour se maintenir et non pour se reproduire », explique Didier Caire, directeur commercial de l'entreprise.
Les stations conçues par Akaeno exigent donc un ensemencement régulier ; c'est là que se trouve le principal coût d'exploitation. En revanche, elles ne produisent pas de boues. Les inconvénients liés aux nuisances olfactives et les coûts d'exploitation liés au transport puis à la mise en décharge et à l'incinération des boues sont donc évités. De plus, les solutions Akaeno sont souvent plus compactes que les traitements traditionnels par flottation/décantation et digestion, d'où une économie sur les coûts de construction. « Nous veillons à ce que nos solutions offrent un retour sur investissement situé entre deux et quatre ans par rapport à une solution traditionnelle », assure Didier Caire.
DU SUR-MESURE COMPÉTITIF
Tout en continuant à proposer des traitements sur mesure, adaptés aux pollutions propres à chaque entreprise, la société se concentre aujourd'hui sur l'élargissement de son offre de solutions « prêtes à l'emploi ». Elle est ainsi en train de finaliser un dépôt de brevet pour le traitement des margines, déchets issus des moulins de production d'huile d'olive. Elle travaille aussi sur de nouveaux procédés destinés aux secteurs de la chimie fine, la cosmétique, la pharmacie.
L'entreprise compte à son actif une dizaine d'installations en France, notamment dans l'Ouest. Elle multiplie les projets, plus ou moins avancés, à l'international : Maghreb (notamment Maroc), Russie, Asie centrale, pays méditerranéens, Chine. L'avenir s'annonce bien pour Akaeno, d'autant qu'elle dispose d'une botte secrète : l'adaptation de son procédé d'épuration sans production de boues aux eaux usées municipales. Plusieurs pilotes sont en test à l'heure actuelle. Un travail qui se fait en partenariat privilégié avec une des majors de l'eau, mais sans pour autant s'interdire de travailler avec d'autres entreprises. Est-ce la solution magique au problème de gestion des boues des collectivités ? Nous le saurons bientôt puisque, selon Didier Caire, le procédé devrait être finalisé avant la fin de l'année.