Certaines fonctionnalités de ce site reposent sur l’usage de cookies.
Les services de mesure d'audience sont nécessaires au fonctionnement du site en permettant sa bonne administration.
ACCEPTER TOUS LES COOKIES
LES COOKIES NÉCESSAIRES SEULEMENT
CONNEXION
Valider
Mot de passe oublié ?
EAU

Les premiers pas du bilan carbone

LA RÉDACTION, LE 1er JUIN 2009
Archiver cet article
Newsletters
Toute l'information de cette rubrique est dans : Hydroplus
Faire son bilan carbone : l'expression est devenue commune en France, où la marque Bilan Carbone a été déposée par l'Ademe en 2003. Cet outil permet de comptabiliser les gaz à effet de serre (GES) émis par une organisation (voir encadré p. 7) et de connaître les sources principales d'émissions. Dans le cas d'Eau de Paris, il s'agit principalement de « l'énergie consommée pour pomper, puis refouler l'eau jusqu'au consommateur final, ainsi que le traitement par charbon actif, un produit dont le processus de fabrication est très consommateur d'énergie », explique Jean-Pierre Duguet, adjoint au directeur qualité et environnement d'Eau de Paris. ÉTAT DES LIEUX À la station d'épuration de Chalon-sur-Saône, dont le bilan carbone a été réalisé par son exploitant Lyonnaise des eaux, les trois principaux postes d'émission sont la consommation d'énergie pour traiter l'eau, notamment pour aérer les boues activées (30 % des émissions) ; la consommation d'énergie pour déshydrater les boues (35 %) ; enfin, la production et le transport des réactifs, chlorure ferrique et chaux, jusqu'à la station (18 %). Les émissions liées à l'exploitation du réseau d'assainissement de l'agglomération chalonnaise ont aussi été calculées : l'énergie consommée lors du pompage des effluents représente 10 % des émissions ; l'amortissement de la fabrication des canalisations du réseau est le principal poste en raison des matériaux utilisés (90 %). Ce poste émet 1 744 tonnes équivalent CO2 (t.éq.CO2) par an (1). L'imprécision est cependant énorme : ± 919 tonnes équivalent CO2, soit ± 52 % ! Il est vrai que dans ce cas précis, elle est particulièrement grande en raison de la difficulté de valoriser les émissions de GES liées au patrimoine construit depuis des décennies. Quoi qu'il en soit, les approximations sont source de confusion. L'Association scientifique et technique pour l'eau et l'environnement (Astee) abrite donc depuis plusieurs mois un groupe de travail qui planche sur le sujet. À l'ordre du jour : la mise au point de « facteurs d'émission » communs à tous les acteurs. Ces facteurs sont les données alimentant la feuille de calcul du bilan carbone, sans lesquels il est impossible d'utiliser l'outil. Ils transforment une donnée brute en une quantité de carbone émise, dotée de l'unité tonne équivalent carbone (t.éq.c). Un certain nombre de facteurs sont déjà communément admis par l'Ademe, mais ce n'est pas le cas pour un bon nombre d'intrants et de procédés du secteur de l'eau. IMPRÉCISIONS Le groupe de travail doit donc étudier les modes de production et l'origine des réactifs et des matériaux, pour fixer des facteurs d'émission reconnus par tous. Il doit aussi déterminer les émissions des divers procédés, par exemple se pencher sur la production de protoxyde d'azote (N2O), un gaz à effet de serre émis pendant le processus de nitrification/dénitrification et encore mal connu. « Les quantités émises sont-elles importantes ? Peu d'études ont été faites à ce jour. Lyonnaise des eaux réalise actuellement des mesures des émissions sur plusieurs stations, dans le cadre d'un programme de recherches international. Autre interrogation : quel est le pouvoir de réchauffement global (PRG) réel de ce gaz, autrement dit son effet sur le réchauffement climatique ? D'après le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, il a un PRG 300 fois plus grand que celui du CO2, mais cette valeur nous paraît exagérée. Des études restent à faire », précise Jean-Pierre Maugendre, directeur adjoint du développement durable de Lyonnaise des eaux. Malgré ses défauts, le bilan carbone est la méthode de référence en France pour évaluer l'effet d'une organisation sur le climat. (1) L'équivalent carbone est la mesure officielle des émissions de gaz à effet de serre. L'équivalent CO2 donne des valeurs 3,67 fois supérieures. Reste à savoir s'il débouche sur des actions concrètes. L'outil est parfois utilisé en interne par les entreprises dans le cadre de leur politique de développement durable. Ainsi, depuis 2003, Eau de Paris réalise chaque année son bilan carbone, ce qui en fait un pionnier en la matière - et, à ce jour, la seule entreprise publique du secteur de l'eau à s'être lancée dans l'exercice. « Le bilan carbone a surtout induit un état d'esprit. Il n'existe pas de solution miracle dans notre métier, même en termes d'investissements, tempère Jean-Pierre Duguet. Par contre, l'un des résultats est la mise en place progressive d'une politique favorisant les fournisseurs qui s'inscrivent dans la démarche bilan carbone. » UN BILAN VENDEUR Anne Gresle, directrice développement durable de Saur, explique que les bilans carbone réalisés dans le groupe « ont permis de hiérarchiser les actions. L'une d'entre elles a été la contractualisation avec EDF pour inclure jusqu'à 20 % d'énergies renouvelables dans notre consommation d'électricité. Nous avons aussi entrepris de gros efforts pour diminuer la part transport du bilan, et nous travaillons sur l'optimisation du pompage et de l'aération ». Au-delà des entreprises, l'outil séduit aussi certaines collectivités locales, « qui sont à la recherche d'indicateurs objectivables et auditables pour porter leurs efforts devant le public », note Hélène Valade, directrice du développement durable de Lyonnaise des eaux. L'objectif principal du bilan carbone est de comparer, d'un bilan à l'autre, les efforts réalisés. À Chalon-sur-Saône, depuis peu, une pompe à chaleur chauffe les bâtiments techniques grâce à la chaleur récupérée sur une partie des eaux traitées. Cela a permis de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 200 t.éq.CO2 par an, ce que la collectivité peut faire valoir auprès de ses abonnés. Les traiteurs d'eau s'intéressent donc à l'outil. Par exemple, Saur a réalisé un bilan comparatif de son procédé d'assainissement par lits plantés de roseaux Rhizostep et du traitement par boues activées. Le premier en ressort largement moins émetteur que le second, ce qui peut être un argument de vente. Veolia Eau tempère cependant : « l'usage que font les collectivités des résultats des bilans carbone n'est pas toujours clair, sauf quand elles ont une démarche de développement durable vraiment engagée, comme à Chalon ou à Nice. Ainsi, c'est suite au bilan carbone réalisé en 2004-2005 sur la communauté d'agglomération de Nice-Côte d'Azur qu'un microturbinage de l'eau potable, produite sur les hauteurs et dévalant naturellement jusqu'à la ville, a été mis en place », rappelle Guillaume Arama, délégué au développement durable de Veolia Eau. Même s'il utilise la méthode du bilan carbone, Veolia Eau a développé son propre outil, Eolia. « Il est fondé sur la méthodologie de l'analyse du cycle de vie (ACV), encadrée par des normes ISO et reconnue internationalement, contrairement au bilan carbone. L'ACV comprend quatorze catégories d'impact sur l'environnement : sur l'eau, les sols, la santé humaine, le changement climatique... Deux d'entre elles ont été retenues pour Eolia, l'énergie et les GES. Eolia permet de comparer l'empreinte carbone de deux filières proposées à un client, alors que les données d'entrée du bilan carbone sont des données d'exploitation. C'est donc un outil plus lourd, mais mieux adapté quand il s'agit de choix d'investissement », explique Guillaume Arama. Bilan carbone, ACV... quel que soit l'outil choisi, l'effort collectif de réduction des émissions est devenu une priorité, à laquelle se joint peu à peu le monde de l'eau.


PARTAGER :
À LIRE ÉGALEMENT
Châteauneuf-sur-Loire : Polieco déploie son expertise pour dompter les eaux pluviales d’un futur lycée
Châteauneuf-sur-Loire : Polieco déploie son expertise pour dompter les eaux pluviales d’un futur lycée
Unicem entreprises engagées publie un nouveau recueil pour mieux gérer l'eau
Unicem entreprises engagées publie un nouveau recueil pour mieux gérer l'eau
Le Cerema accompagne les collectivités dans la Reut
Le Cerema accompagne les collectivités dans la Reut
Avis des pros : la phytoépuration au service des petites décharges
Avis des pros : la phytoépuration au service des petites décharges
TOUS LES ARTICLES EAU
Les plus lus
L'essentiel de l'actualité de l'environnement
Ne manquez rien de l'actualité de l'environnement !
Inscrivez-vous ou abonnez-vous pour recevoir les newsletters de votre choix dans votre boîte mail
CHOISIR MES NEWSLETTERS