Bien connu pour ses fameuses huîtres, le bassin ostréicole de Marennes-Oléron est le réceptacle de trois estuaires : la Gironde, la Charente et la Seudre. Leur importance dans le fonctionnement du bassin fait l'objet de trois programmes de recherche : Défi cadmium (Cd), Votr Tram et Poléron. Depuis quatre ans, trois équipes universitaires de La Rochelle, Bordeaux et Poitiers se mobilisent avec l'Ifremer pour identifier ce que ces fleuves charrient. La Charente en particulier, sur ses 376 kilomètres, n'a jamais été autant étudiée. DÉFI CADMIUM ET VOTR TRAM SUR LES MÉTAUX LOURDS Financé par l'agence de l'eau Adour-Garonne et les régions Poitou-Charentes et Aquitaine, Défi Cd est le premier programme interrégional lancé sur 2005-2008. La mise en évidence d'importantes concentrations de cadmium (2 mg Cd/kg) dans l'estuaire de la Gironde à la fin des années 1970 et la diminution de la norme légale dans les coquillages (1 mg Cd/kg pF) ont motivé cette étude. Elle a consisté à transplanter des lots d'huîtres de Vendée dans le bassin de Marennes-Oléron et en Gironde. Le réseau de surveillance a pris en compte plusieurs métaux lourds (cuivre, zinc, mercure...). « Nous avons montré que le cuivre, inoffensif pour l'homme, est la signature du fleuve Charente », affirme Denis Fichet, chercheur à l'unité littoral, environnement et sociétés de l'université de La Rochelle. « Les sources en sont multiples : traitement des vignes au sulfate de cuivre, peintures antifouling (tributylétain) des bateaux, etc. Au final, nous avons trouvé également que l'influence de la Gironde sur le bassin de Marennes-Oléron est plus faible que celle de la Charente. Cela s'explique par la courantologie. » Le deuxième programme, baptisé Votr Tram, s'intéresse au rôle des voies trophiques sur le transfert des polluants métalliques en zone côtière ostréicole et s'étend sur la période 2007-2009. « Il s'agit de mieux comprendre les mécanismes de contamination et d'avoir la possibilité de "tracer" les huîtres. » POLÉRON SUR LES MOLÉCULES DE SYNTHÈSE Poléron, pour sa part, s'intéresse aux molécules de synthèse : herbicides, fongicides, insecticides et molécules pharmaceutiques. Il porte sur « les modifications chimiques des polluants organiques » et court depuis 2007 sur une durée de trois ans. « Nous sommes plus démunis face aux produits chimiques d'origine humaine. Or, 40 % des anti-inflammatoires (Ibuprofène, par exemple) échappent aux stations d'épuration. » La question est de savoir comment ces molécules se transforment, à quelle vitesse et quel est leur impact sur les écosystèmes littoraux. Les résidus (molécules « filles ») ne sont-ils pas moins sélectifs et finalement plus toxiques que les molécules « mères » ? Une première étude a lieu en milieu fermé sur des huîtres. Trois herbicides sont particulièrement visés : le glyphosate (Roundup), l'isoproturon et le diuron. Une équipe pluridisciplinaire (chimie, biochimie, écologie, écophysiologie, etc.) de dix chercheurs et doctorants (universités de La Rochelle, de Poitiers et l'Ifremer) travaille sur ce sujet. L'Ifremer prend en charge les aspects hydrosédimentaires. Poléron est coordonné par l'université de La Rochelle et financé à 50 % par le conseil régional de Poitou-Charentes pour un budget total de 370 000 euros. Résultats attendus pour 2010.