Le programme de recherche PCB-Axelera(1), lancé en mars 2009 dans le cadre du pôle de compétitivité rhônalpin Axelera, explore des voies de traitement pour les sédiments pollués aux polychlorobiphényles (PCB). « Ces molécules dérivées du biphényle contiennent un ou plusieurs atomes de chlore : plus il y en a, plus elles sont stables, donc peu biodégradables et persistantes », détaille Pascal Dauthuille, responsable assainissement et environnement au Cirsee ( Suez Environnement) et chef de projet PCB-Axelera. Très peu solubles dans l'eau, les PCB s'accumulent en outre dans les tissus graisseux des poissons et remontent ainsi la chaîne alimentaire. Des traitements existent déjà pour éliminer les PCB présents dans les sols. Mais dans les cours d'eau, de nouvelles difficultés apparaissent : la pollution y est diffuse, elle couvre un vaste territoire et se concentre dans des sédiments qui ne sont ni solides ni liquides. L'une des priorités du programme est donc de mettre au point des techniques de dragage et de criblage efficaces, pour extraire la phase fine polluée et valoriser le sable et les graviers non contaminés. C'est l'objectif du projet Optitri, mené par Sita, filiale de Suez Environnement spécialisée dans le traitement et le stockage des déchets. CONFINEMENT OU TRAITEMENT Après cette étape initiale, plusieurs options sont étudiées, comme la déshydratation, puis la mise en dépôt des sédiments : des géomatériaux sont adaptés et testés par Sita au sein du projet Ecodépôt. L'entreprise envisage aussi de dépolluer les sédiments stockés grâce à des plantes. Avec un autre projet, Stab PCB, Sita se concentre sur la stabilisation des sédiments : les PCB sont emprisonnés dans une matrice solide imperméable pour empêcher leur dispersion. Cette stabilisation pourrait se faire in situ, avec injection d'un liant hydraulique additionné de charbon actif (CA). Cette possibilité restera pourtant l'exception, réservée aux rares sites très pollués. Le recours au CA est aussi possible pour adsorber les polluants contenus dans les sédiments, soit in situ, soit après dragage. Sur toutes les problématiques liées au CA, regroupées au sein du projet PCB-Sedica, le CNRS et l'université Claude-Bernard-Lyon 1 interviennent. « Un volet du projet étudiera l'association au charbon actif de bactéries sélectionnées pour dégrader les PCB. En effet, le charbon actif est un bon support pour la vie bactérienne », précise Catherine Morlay, chercheur à l'université Lyon 1. La dégradation par voie biologique est étudiée par les spécialistes de Sita engagés dans le projet Biodechlor. Des bactéries anaérobies sont identifiées pour leur capacité à déchlorer les PCB, afin de les rendre moins stables avant une dégradation par bactéries aérobies. De son côté, le Laboratoire d'écologie alpine (Leca, CNRS) travaille sur une dégradation des PCB par voie fongique dans le cadre du projet Fungi Eat PCB. Enfin, la PME Atanor explore la voie d'une destruction thermique des sédiments (projet Desther), solution de repli lorsque les autres approches ont fait défaut, en raison de son coût énergétique. Deux plates-formes permettent de tester les voies de traitement : Platpil pour les pilotes et Sedirhône pour les essais préindustriels. Ces derniers devront être menés entre septembre 2010 et septembre 2011, et les résultats livrés en mars 2012. Il s'agira d'un « outil d'aide à la décision » et de « vingt-huit livrables exploitables industriellement », selon les termes de Pascal Dauthuille.