En Belgique, l'Intercommunale pour la gestion et la réalisation d'études techniques et économiques, Igretec, siège dans la région de Charleroi. Créé en 1946, ce syndicat assure différentes missions, parmi lesquelles figurent l'attribution de marchés, le suivi de chantiers et l'exploitation des réseaux d'assainissement.
Cette année, Daniel Vanderelst, directeur eau et environnement d'Igretec, a supervisé le chantier de pose d'un collecteur de 2,4 km en tuyauterie PRV de la société Hobas, en qualité de maître d'ouvrage délégué pour la Société publique de gestion de l'eau (SPGE). Ce collecteur assure le transport des eaux usées vers la station d'épuration de Roselies (127 000 EH). Le projet comprend des canalisations de 500 à 1 600 mm de diamètre et 25 chambres de visite de diamètre 1 400 et 1 600 mm.
Ce chantier, situé dans la vallée de la Sambre sur les communes d'Aiseau-Presles et de Tamines, est caractérisé par une faible pente. « Sambre en vieux dialecte signifie "lenteur". Il fallait par conséquent trouver un matériau qui offre de bonnes caractéristiques hydrauliques. Le choix s'est donc porté sur le PRV, qui dispose aussi d'une bonne résistance à l'abrasion et à la corrosion », commente Daniel Vanderelst. Depuis plus de vingt ans, Igretec travaille avec le PRV, mais c'est la première fois qu'il l'utilise pour des diamètres aussi importants. « Il y a quelques années, un de nos collecteurs en béton a subi différents dommages suite à des rejets acides "accidentels" vers la station. Depuis, nous sommes devenus vigilants, d'où le choix du PRV », explique-t-il.
Selon lui, en plus de sa forte résistance, ce matériau composite thermodurcissable constitué en majorité de résine de polyester insaturé, renforcé de fibres de verre et chargé en agrégats, garantit une grande facilité de mise en oeuvre. « On peut estimer un gain de temps de 50 % au niveau de la manutention, ce qui est un avantage considérable pour un chantier urbain comme celui-ci. » En outre, les regards de visite horizontaux en PRV sont plus facilement accessibles que ceux en béton avec une échelle. « En effet, les regards qui reçoivent la canalisation PRV ont une cheminée d'accès incorporée, ce qui est plus simple qu'avec une canalisation béton pour laquelle on est obligé de faire de la maçonnerie pour installer une chambre. En revanche, il faut rester vigilant au niveau de la pose de remblais avec ce type de matériau, sinon, on peut rencontrer des problèmes de pincements qui conduisent à des défauts d'étanchéité », avertit Daniel Vanderelst. Lors des contrôles, ce point sensible représente en effet 90 % des défauts de chantier, « surtout au niveau de la partie basse, que l'on nomme les reins de la canalisation, ajoute-t-il. C'est bien d'utiliser un matériau "chic" à condition de respecter rigoureusement les principes de pose. »
Igretec a déjà utilisé le PRV pour des chantiers avec fortes pentes, mais cette fois le matériau entre en concurrence directe avec le béton, le PVC, la fonte, le grès ou la fibre ciment. À Charleroi, le syndicat utilise traditionnellement le grès vernissé pour les petits diamètres et le béton pour les plus grands. La tendance aujourd'hui est d'élargir leur gamme de produits, même s'ils préfèrent rester prudents sur ces nouveaux matériaux. « Le PRV est plus onéreux que le béton et nous avons un manque de recul sur sa durabilité dans le temps », résume Daniel Vanderelst. Depuis leur lancement, il reconnaît les efforts de son fournisseur, notamment pour la fabrication des résines. Autre avantage, la possibilité de raccords avec n'importe quel autre type de matériaux et le faible encombrement dans le sol. « Pour une canalisation de 1 500 mm, l'épaisseur en plus est de l'ordre de 20 à 30 mm contre une vingtaine de centimètres pour le béton et l'on peut travailler avec de très faibles pentes (2 à 3 ?) », conclut-il.