Si la France possède l'un des plus importants littoraux du monde, c'est grâce aux côtes d'outre-mer. Non seulement ces côtes nous offrent des eaux territoriales dans les trois océans, mais la mer de l'Outre-mer « représente 97 % du domaine maritime français et fait de la France la deuxième puissance maritime du monde ». Yves Jégo, le secrétaire d'État chargé de l'Outre-mer fait bien de le rappeler, car cette évidence avait apparemment échappé aux organisateurs du Grenelle de la mer.
« Lors des premières réunions, on nous a répondu que l'Outre-mer n'était pas concerné par les réunions du Grenelle », rapporte un participant. Une négligence rattrapée depuis : deux délégations se sont rendues dans la zone Antilles-Guyane et dans l'océan Indien (La Réunion, Mayotte, Terres australes et antarctiques françaises), pour y travailler sur les thématiques des quatre groupes de travail avec les acteurs locaux. La priorité : donner aux territoires et aux départements d'outre-mer les outils réglementaires et financiers pour gérer leurs ressources marines, qui constituent souvent l'une de leurs premières richesses économiques. Pour l'heure, malgré l'ampleur des travaux (protection des baies, des mangroves, protection des ressources halieutiques...), les autorités manquent de leviers : les compétences des offices de l'eau s'arrêtent au rivage, et les Diren n'ont pas forcément les moyens ou les interlocuteurs pour mettre en place des politiques de protection du littoral de grande envergure. Actuellement, seuls deux contrats de baie ont été mis en place en Martinique, à Fort-de-France et au Marin-Sainte-Anne. Les deux luttent contre l'envasement des baies et le contrat de Sainte-Anne vise à remettre la mangrove en bon état écologique.
PROTÉGER LA DIVERSITÉ
C'est d'autant plus dommage que c'est plus la diversité et les ressources qu'il faut protéger que les baigneurs. Car du côté de la qualité des eaux de baignade, globalement, tout va bien. D'après l'étude menée par l'association Surfrider Europe, la plupart des plages du littoral d'outre-mer - en dehors de la Guyane - seraient d'ores et déjà en conformité avec la directive européenne pour la qualité des eaux de baignade, dont les seuils entreront en vigueur en 2015.
Cette directive divise par quatre les seuils au-dessus desquels les eaux sont impropres à la baignade et intègre aussi de nouveaux indicateurs, comme les métaux lourds. Et c'est sans doute ce paramètre qui condamne les plages de Guyane. Alors que la proportion de plages de qualité excellente reste la même ou s'améliore en appliquant la nouvelle directive pour La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, six plages sur treize seraient de qualité insuffisante en Guyane. En cause, sans doute, le mercure.