Pendant près de dix ans, Sylvain Rotillon a mené des fouilles, à la recherche de traces de vie humaine datant parfois de plusieurs milliers d'années. Il travaillait alors pour l'Association pour les fouilles archéologiques nationales ( Afan), qui s'est transformée en Institut national de recherche archéologique préventive ( Inrap). C'est la relation de l'homme avec son milieu qui intéressait ce passionné de géographie physique.
Mais cette vie n'était pas de tout repos : sur un chantier, il faut s'adapter à une nouvelle équipe, vivre ensemble 24 heures sur 24, avant de faire sa valise, sans avoir pu montrer, ne serait-ce qu'aux riverains, le résultat de son travail. À cela s'ajoutaient les problèmes de fonctionnement de l'Inrap, « un organisme public créé sous la pression des personnels de l'Afan, mais qui ne correspondait pas à un choix du gouvernement », souligne-t-il. Dix ans après, travaillant au sein de l'Onema, il apprécie à sa juste valeur la volonté politique à l'origine de la création de cet organisme public, et le savoir-faire de ceux qui l'ont organisé. Porteur du projet de création de l'Observatoire des services d'eau et d'assainissement ( Osea), il se sent désormais utile.
Entre ces deux étapes, il est passé par l'Institut régional d'administration de Metz, à la sortie duquel il a intégré la direction de l'eau du ministère de l'Écologie, en septembre 2006. Le projet d'un référentiel commun pour les services d'eau était déjà en cours et la plupart des indicateurs qui le composaient avaient déjà été définis. Il s'attèle donc alors à préparer le décret correspondant, et à le faire passer avant l'élection présidentielle de mai 2007, sous peine de le voir renvoyé aux calendes grecques. Les deux ans de concertation qui ont permis la définition de ces indicateurs n'auront pas été vains, et le décret sort, le 2 mai 2007, à une semaine de la date fatidique ! Il reconnaît d'ailleurs que les enquêtes de l'UFC Que Choisir ont permis de rappeler l'utilité de ce projet.
Sylvain Rotillon continuera sa tâche au sein de l'Onema (créé en mars 2007 et véritablement opérationnel début 2008), et l'Osea qui permet de regrouper toute une série de données communes sur les services d'eau et d'assainissement est officiellement lancé en octobre dernier (lire l'article p. 10). Au cours de ce long processus, il a apprécié l'hétérogénéité des acteurs rencontrés. Se devant d'avoir « un discours constructif et dépassionné », il a essayé de comprendre les positions et les demandes de chacun. Et quand les questions qui se posaient à lui devenaient trop politiques, il demandait l'avis de la commission du comité consultatif du Comité national de l'eau.
On l'imagine devant faire face à des pressions, ou tout du moins une certaine méfiance de la part de ses interlocuteurs. Mais il affiche une sérénité à toute épreuve, qui lui vient peut-être de son expérience d'instituteur ou de chargé de cours à l'Université. « La création de l'observatoire a pu susciter une certaine crainte et elle en suscite encore, car l'outil est encore en phase de rodage. Mais tous ont conscience que la suspicion sur le prix de l'eau est plus dangereuse que le risque de communiquer. »