« Document volontaire, le plan de gestion de l'espace rural et périurbain - Gerplan - évolue dans le registre de la préconisation, non du coercitif. Libre ensuite aux collectivités locales de les rendre ou non obligatoires, de les intégrer à leurs documents d'urbanisme », expose Karine Isola, la responsable technique du dossier au conseil général du Haut-Rhin.
Lancée en 2004, l'idée a fait son chemin : sur les 31 intercommunalités haut-rhinoises - l'échelle choisie pour porter chaque Gerplan - 25 se sont engagées. Elles représentent les trois-quarts du département, l'objectif restant la couverture de tout le territoire. L'ensemble totalise un peu plus de 300 actions pour 8,5 millions d'euros, dont 40 % de subventions du conseil général en moyenne.
Les corridors écologiques et biologiques, la plantation d'essences locales, la renaturation d'une zone humide, la protection des berges, la préservation des vergers traditionnels, le retour à la prairie naturelle en forment les exemples les plus emblématiques et récurrents. Mais les Gerplan investissent aussi les entrées de ville et les zones industrielles. À Cernay, douze entreprises ont adhéré à des actions de biodiversité et de gestion des espaces, comme la plantation de haies ou la réduction des tontes... Surtout, l'initiative (re)noue le dialogue avec les agriculteurs, plutôt méfiants à l'origine, tout en leur proposant de s'inscrire dans des actions de rapprochement du producteur et du consommateur.
Si chaque Gerplan s'adapte aux habitudes locales, le conseil général en définit une trame commune en quatre étapes : un diagnostic en trois études (écologique-paysagère, agricole et hydraulique), une concertation et un programme de 20 à 40 actions classées en six thématiques (préserver le patrimoine naturel et la biodiversité ; préserver la ressource en eau ; améliorer le cadre de vie et les paysages ; prévenir les problèmes érosifs et hydrauliques ; encourager l'agriculture locale ; favoriser un bon climat socio-économique). La mise en oeuvre s'étale sur trois ans avec, souvent, le recrutement d'un animateur. « Nous avançons en marchant. Chaque Gerplan se nourrit d'expériences voisine ou précédente », souligne Karine Isola. Les huit intercommunalités pionnières ont signé l'an dernier leur « Gerplan II ».
Ainsi, à Cernay, « nous avons renforcé la sensibilisation du public à l'environnement, la biodiversité en entrées de villes et, plus généralement, la dimension transversale tout en conservant le découpage en trois secteurs - piémont, plaine agricole, zone industrielle - objets de mesures répondant à la particularité de leur paysage », indique Matthieu Herrgott, responsable du projet à la communauté de communes. Aux yeux de cet acteur de terrain, la limite du document, selon lui, se confond avec celle des collectivités locales : « Nous n'avons pas toutes les compétences, on ne peut donc pas lui demander de tout régler ». Conséquence logique, somme toute, d'une démarche qui cherche à suggérer plutôt qu'à imposer.