Saint-Gobain Conducte, filiale roumaine de Saint-Gobain PAM créée en 2005, bénéficie d'un marché en plein boom. « La longueur totale des canalisations est passée de 16 812 km en 2002 à 19 356 km en 2007 », note le cabinet AM Conseil International, spécialisé dans l'aide à l'implantation dans le pays. L'entreprise répond en général aux appels d'offres lancés pour les grandes collectivités et qui sont financés par les fonds européens : aux fonds de préadhésion succèdent aujourd'hui les fonds de cohésion.
NEUF PROJETS MAJEURS
En 2009, Bruxelles a ainsi approuvé neuf projets majeurs concernant le secteur de l'eau dans le pays, financés par des fonds de cohésion à hauteur d'environ un milliard d'euros. « Chacun de ces projets devrait donner lieu à environ une dizaine d'appels d'offres internationaux (assistance technique, équipements, travaux publics, etc.). Les annonces d'appels d'offres sont et seront publiées sur le site Internet du Système électronique des marchés publics ou SEAP (www.e-licitatie.ro) et dans le Journal officiel de l'UE », précise Pierre Fouchault, chargé de développement à la Mission économique Ubifrance de l'ambassade de France de Bucarest.
Une tendance qui devrait se poursuivre sur les prochaines années : d'après la chambre de commerce et d'industrie (CCI) française en Roumanie, le gouvernement roumain veut équiper, d'ici à 2018, 100 % des communes de plus de 2 000 habitants en infrastructures modernes de production d'eau potable, d'adduction et de traitement des eaux usées. Pour la période 2007-2013, le volet « assainissement » du programme opérationnel Environnement de la Roumaine, approuvé par l'Union européenne, est doté un budget de 3,27 milliards d'euros (dont 2,77 milliards d'euros d'intervention communautaire).
Face à l'ampleur du marché, un certain nombre d'entreprises n'hésitent pas à créer une filiale sur place. À l'image de la PME marseillaise Phocéenne des Eaux qui ouvrira sa filiale Phocéenne des Eaux Carpati début 2010 à Bucarest. Après avoir organisé des séminaires pour ses clients potentiels en Roumanie et en France, l'entreprise ambitionne, entre autres techniques de dépollution, de promouvoir les filtres plantés de roseaux, « une technologie adaptée aux collectivités de moins de 5 000 EH et qui est nouvelle sur ce marché. Cela devrait nous permettre de faire la différence », explique Mireille Belen, chargée de développement export. L'entreprise travaillera en collaboration avec des partenaires locaux, parmi lesquels la filiale de Sade (groupe Veolia) Acvatot, spécialisée dans les canalisations. En effet, « les appels d'offres passés par le Fonds national de développement rural sont globaux, comprenant à la fois des travaux de voirie, de canalisation et d'assainissement », poursuit Mireille Belen.
DES PARTENAIRES ET APPUIS LOCAUX
Veolia Eau a aussi fondé une filiale, Apa Nova, qui gère notamment la production, le traitement et la distribution de l'eau pour les villes de Bucarest et Ploiesti. Pour assurer la télégestion des ouvrages hydrauliques et la sectorisation du réseau de distribution, Apa Nova utilise des produits Lacroix Sofrel. Ce fabricant s'intéresse au marché roumain depuis plusieurs années et a passé des accords avec des partenaires locaux pour la vente et l'assistance technique sur ses produits. De son côté, Nantaise des Eaux a pu conclure son premier contrat roumain à Albac, dans les Carpates, où elle a construit la station d'assainissement comprenant un prétraitement par tamis rotatif, puis des installations de nitrification-dénitrification, de traitement du phosphore et enfin une désinfection par UV.
Les stratégies sont donc variables pour approcher ce marché prometteur ; les appuis locaux ne manquent pas, de la CCI à la Mission économique Ubifrance de l'ambassade en passant par les cabinets de conseil privés.