L'étude avait pour but de fournir une comparaison des services d'eau qui aille « plus loin que les indicateurs réglementaires, afin de rentrer dans un processus de progrès des collectivités », selon Michel Desmars, chef du département eau et assainissement de la FNCCR. Ces indicateurs réglementaires ont donc été intégrés et complétés par une partie de ceux de l'International Water Association (IWA) - comme le taux de casse - ainsi que par des indicateurs sur le prix de l'eau. « Le prix correspondant à une consommation de 120 mètres cubes d'eau par an, qui est le seul indicateur rendu obligatoire par la réglementation, est très réducteur pour analyser la performance d'un service d'eau. Nous avons donc intégré une comparaison du prix de l'eau pour 50, 1 000, 10 000 et 25 000 mètres cubes », poursuit-il. Par ailleurs, un indicateur a été conçu spécifiquement pour évaluer la sécurisation du système d'alimentation en eau potable par rapport à une crise de type pollution. Une tâche difficile, en raison de la variété de critères qui pouvaient être intégrés à prendre en compte : nombre de ressources disponibles et d'usines de production, volume de stockage, maillage du réseau, interconnexions avec d'autres services...
COMPARER LA RÉGIE AU SERVICE DÉLÉGUÉ
Au final, la FNCCR indique que l'analyse réalisée n'a pas pour objectif principal de comparer les services en régie et ceux qui sont délégués, ni vocation à fournir des statistiques représentatives de l'ensemble des services d'eau en France. Les participants sont des collectivités volontaires, qui n'ont donc pas été recrutées selon des critères de représentativité. Les services sont de tailles variées, certains sont gérés en délégation, d'autres en régie. « Nous pouvons tirer des conclusions de l'étude, mais elles ne sont valables que pour le groupe, » précise Michel Desmars.
De son côté, la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau ( FP2E) se déclare d'une manière générale « favorable au benchmarking », selon son responsable de la communication Yannick Astesana, mais regrette que ce rapport contienne des conclusions ressemblant à des généralisations : « On y lit, par exemple, que la performance sur la conformité microbiologique de l'eau distribuée est équivalente, que le mode de gestion soit en régie ou en délégation. Or cela n'est pas cohérent avec les résultats affichés », estime-t-il.
En s'engageant ainsi dans une comparaison entre les résultats selon les modes de gestion, la FNCCR s'est lancée dans une entreprise porteuse de contestation. D'autant que la FP2E fait valoir une étude, réalisée en 2006 par le Boston Consulting Group sur les 420 services français de plus de 20 000 habitants, qui indiquait au contraire une différence entre les performances des uns et des autres. À ce propos, Michel Desmars précise que « contrairement à l'étude essentiellement bibliographique réalisée par le Boston Consulting Group, les résultats de l'analyse comparative ont fait l'objet d'une validation par les participants dans le cadre de nombreux échanges. Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi les entreprises membres de la FP2E semblent aujourd'hui réservées par rapport aux travaux d'analyse comparative alors que la plupart des régies y sont au contraire favorables ».
DANS UNE DÉMARCHE D'AMÉLIORATION
Au-delà de ces débats, les participants à l'étude en tirent visiblement des enseignements, à titre individuel. « Notre participation s'inscrit dans une démarche d'amélioration continue, dans le cadre de notre certification Iso 9001. Nous voulons nous comparer aux autres services pour situer nos performances et identifier les bonnes pratiques », explique Camille Amelot, ingénieur hydraulique au Syndicat des eaux de l'Yssandonnais.
L'étude sera d'ailleurs reconduite en 2011, avec une quarantaine voire une cinquantaine de collectivités, et sans doute étendue à l'assainissement.