Dans le monde des pompes, l'heure est à la réduction de la consommation énergétique. Un règlement européen sur les pompes à eau devrait ainsi voir le jour en automne pour augmenter cette efficacité. Jusqu'ici, la directive de 2005 sur l'écoconception des produits consommateurs d'énergie (dits EuP pour Energy-using Products) concernait les moteurs ou les circulateurs de chauffage, mais ne touchait pas le secteur du pompage de l'eau. Pour ce dernier, « la Commission propose des dispositions sur les pompes nues. Or, nos études révèlent que les économies potentielles sont peu importantes en n'améliorant que la partie hydraulique des pompes. Pour réellement modifier le bilan énergétique, il faut travailler sur l'ensemble pompe-moteur avec son variateur de vitesse, voire sur le système complet pompe-variateur-circuit d'eau », explique Guy Van Doorslaer, secrétaire général d'Europump, association européenne de fabricants qui fête cette année ses cinquante ans.
Cette logique se heurte à la règle européenne de libre circulation des produits : un système n'est pas un produit, et il est difficile de réglementer sur un système. Ces questions sont en cours d'étude ; un groupe de travail ISO s'applique à définir ce qu'est un système et à mettre au point une norme d'audit de l'efficacité énergétique des systèmes de pompage. Une réflexion est également en cours pour développer une certification des auditeurs de système de pompage.
Légiférer sur l'emplacement d'une vanne ou la configuration d'un circuit d'eau est cependant complexe : à en croire les responsables d'Europump, l'une des voies essentielles pour améliorer le rendement énergétique des pompes sera donc de former les utilisateurs, puis de contrôler les installations. Côté fabricants, « se généralise l'extension de service au-delà de la seule fourniture d'équipements : ils proposent d'optimiser les réseaux, de faire des essais, de la maintenance, de la formation... », explique Jacques Fay, président de Profluid, l'association française des pompes et agitateurs, des compresseurs et de la robinetterie.
MARCHÉS EN CRISE
Cette réflexion s'inscrit dans un contexte commercial peu réjouissant. Le volume de facturation dans le secteur des pompes (eau et industrie) a reculé en France de 11,2% en 2009 par rapport à 2008. Entre mai 2009 et mai 2010, le marché serait encore en retrait de plus de 9 %. « Il faudra des années pour retrouver le niveau de 2008 », estime Jacques Fay. Le marché des pompes est en outre sensible à la crise monétaire, puisque les fonderies utilisent des matériaux importés et qu'une grosse partie de la production est exportée (57 % en incluant l'eau et l'industrie).
À cela s'ajoutent des modifications de la donne internationale. Alors que le marché mondial est encore dominé par les fabricants européens et nord-américains, les producteurs asiatiques se préparent une place de choix. « Les sociétés chinoises commencent à proposer des pompes à rotor noyé ou à entraînement magnétique... D'ici cinq à dix ans, les Chinois et les Indiens auront une production très concurrentielle par rapport aux pays occidentaux, souligne Bill Newton, président de la commission marketing d'Europump. Et la Chine a des velléités de devenir un investisseur. Une question se pose : comment manager des équipes présentes en Europe avec une culture d'entreprise chinoise ? »