La future station d'épuration du Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne ( Siaap), dont la première pierre a été posée début octobre au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, sera le creuset d'un partenariat inédit avec le Syndicat intercommunal de gestion des ordures ménagères de l'agglomération parisienne (Syctom). La station d'épuration, baptisée Seine-Morée, traitera les eaux usées de plus de 200 000 EH issues de six communes des alentours. Les boues issues des bassins primaires et biologiques seront donc digérées et traitées sur le site du Syctom. Pour cela, la solution technique envisagée sera la codigestion avec les biodéchets fermentescibles provenant du tri des ordures ménagères. Pour la valorisation du biogaz produit, le Syctom envisage, soit la cogénération (électricité et chaleur), soit la réinjection dans le réseau de gaz naturel. L'injection de biogaz issu des boues d'épuration n'étant pas encore autorisée à ce jour, la cogénération devrait probablement être préférée. Les boues digérées seraient compostées pour une utilisation agronomique. UN PROJET D'ÉCOPÔLE L'usine s'intégrera dans le projet d'écopôle des communes du Blanc-Mesnil et d'Aulnay-sous-Bois, regroupant d'autres activités liées à l'environnement telles que des laboratoires de recherche ou un institut de formation. Les énergies renouvelables seront aussi à l'honneur grâce à des systèmes de récupération de la chaleur des eaux usées, à la fois sur l'émissaire d'amenée des effluents et sur l'un des bassins. Le premier, qui fera l'objet d'un appel d'offres séparé, chauffera 550 logements de l'OPHLM d'Aulnay-sous-Bois. Le second sera intégré par Degrémont, le constructeur, lors de la réalisation de la station ; il alimentera en chaleur l'usine elle-même. Le Siaap a par ailleurs souhaité réduire au minimum la consommation de réactifs chimiques, chlorure ferrique et méthanol. Le procédé de traitement est complexe, puisqu'il prévoit une déphosphatation biologique combinée à une dénitrification biologique. Pour cela, une alternance est réalisée entre milieux anaérobiques, anoxiques et aérés, et des circuits de recirculation des boues sont créés. « Quand c'est la biologie qui travaille, nous utilisons beaucoup moins de chlorure ferrique et plus du tout de méthanol. En revanche, il faut un peu plus d'électricité pour alimenter les agitateurs et la recirculation. L'intérêt de ce procédé est donc d'améliorer le bilan carbone de la station, tout en réalisant des économies d'exploitation. Pour cela, un investissement complémentaire est demandé lors de la construction », détaille Michel Riotte, conseiller technique du Siaap. À la suite des bassins de boues activées, des membranes seront installées en remplacement de l'habituel clarificateur. Elles prennent moins de place et produisent une eau de meilleure qualité. La compacité est importante dans ce projet qui se veut intégré à son environnement : toitures et murs végétalisés, enterrement partiel des ouvrages, création de plans d'eau paysagers... Le cours d'eau, la Morée, qui avait été recouvert au XIXe siècle pour servir d'égout aux communes qu'il traverse et coule aujourd'hui sous le terrain de la future station, sera par ailleurs partiellement rouvert et restauré. Un pas supplémentaire vers l'atteinte du bon état de la Seine, dans laquelle se jette le cours d'eau.