Douches, climatisations et tours aéroréfrigérantes, systèmes d'humidification de l'air et autres bains à remous mettent en suspension dans l'air les microgouttelettes d'une eau potentiellement contaminée par des légionelles. L'aspiration de ces bactéries ayant pu proliférer dans l'eau stagnante entre 25 et 55 °C peut provoquer de graves affections pulmonaires. Selon l'INVS, 1 206 cas de légionelloses ont été enregistrés en France en 2009, soit une incidence de 1,9 cas pour 100 000 habitants.
Mieux prévenir les risques liés à la colonisation des réseaux d'eau chaude sanitaire par ces bactéries pathogènes, voilà l'objectif de la nouvelle réglementation qui impose aux établissements recevant du public (ERP) d'instaurer une surveillance de leurs installations collectives de production, de stockage et de distribution. Une mesure qui concerne les 650 000 ERP recensés en France par le CSTB (établissements de santé, sociaux et médico-sociaux, pénitentiaires, hôtels et résidences de tourisme, campings...). Les bonnes pratiques de contrôle de la légionelle existantes deviennent ainsi obligatoires.
La surveillance repose d'abord sur le suivi systématique des températures aux points clés du réseau d'eau chaude, puis sur une analyse de la qualité de l'eau et sur la tenue à jour d'un fichier mis à disposition des autorités sanitaires. « Les fréquences minimales sont précisées pour chaque type de point de surveillance : une fois par an pour les analyses de la légionelle quel que soit le type d'établissement. Concernant le suivi de la température : entre une fois par jour et une fois par semaine pour les établissements de santé et une fois par mois pour les autres », indique Karine Théaudin, ingénieur du génie sanitaire à l'Agence régionale de santé de Lorraine.
Prélèvements d'eau et analyses doivent être réalisés selon la norme NF T90-431. Ces dernières sont très souvent externalisées dans les nombreux laboratoires accrédités par le Cofrac pour le paramètre légionelle. Reste à savoir précisément où effectuer ces prélèvements, comme le pointe la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air ( FNHPA) : « Le plus difficile pour nos adhérents est d'obtenir le plan complet de leur réseau d'eau chaude sanitaire, car celui-ci n'existe pas forcément dans son intégralité. Cela va nécessiter beaucoup de recherches pour le reconstituer entièrement avant de pouvoir identifier les bras morts et les coudes où peuvent survenir des contaminations ». Quant au suivi des températures, il sera effectué en interne ou en externe selon les moyens, en particulier humains, dont dispose l'établissement. Car cela nécessitera un temps et un suivi considérables.
Alors cette surveillance renforcée a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Pas sûr. Pour les ERP, les dépenses et les moyens à mettre en oeuvre sont très difficiles à évaluer du fait de la grande diversité des établissements concernés. La FNHPA discute actuellement avec les contrôleurs agréés afin de définir une grille des coûts et les dispositions à prendre. En tout cas, pour cette fédération, « ces nouvelles obligations seront très difficiles à mettre en oeuvre dès l'ouverture des terrains de camping, aux vacances de Pâques 2011 ».