Depuis septembre dernier, le voilà à la tête du plus grand service d'assainissement de France, avec un budget annuel de 1,2 milliard d'euros et 1 700 employés à gérer. Mais cela ne semble pas perturber Jacques Olivier qui affiche un calme à toute épreuve, y compris lorsqu'on aborde les sujets sensibles ou complexes, auxquels il répond avec une vraie volonté de transparence et de clarté. Il y a bien sûr le dossier des lourds investissements du Siaap, mais aussi la question de la sécurité, qui a pris de l'importance avec l'accident mortel d'un de ses employés en 2009. « Cet accident a amené à une véritable prise de conscience des dangers de nos installations, souligne-t-il. Notre défi est de passer d'une culture de l'administration publique à celle de l'industrie. Avec des process qui sont de plus en plus techniques et complexes, avec la présence de biogaz sur plusieurs sites, nous sommes proches des critères de sécurité de l'industrie pétrochimique. »
Nul doute que son long parcours dans l'industrie nucléaire - près de trente ans chez EDF - va lui servir. Il y a beaucoup travaillé sur la maintenance et l'entretien des centrales nucléaires, thermiques et des installations hydroélectriques. Ce sujet sera d'ailleurs l'un de ses chantiers au Siaap : « Il faut que nous travaillions en amont, dans la planification et la préparation de nos chantiers d'entretien. Actuellement, nous agissons plus sur le curatif que le préventif. Et les outils de gestion de la maintenance assistée par ordinateur [GMAO] dont nous disposons sont encore insuffisamment utilisés », explique-t-il.
Sa nomination au poste de directeur général du Siaap s'explique aussi par son expérience des relations sociales et du management. Il a en effet été délégué syndical à la Fédération de l'énergie CGT pendant six ans - soit deux mandats. Par la suite, il est devenu directeur général adjoint (en 2004), puis directeur général du comité d'entreprise d'EDF (CCAS) - qui lui aussi, dans sa catégorie, est le plus grand de France avec un budget annuel de 500 millions d'euros et 3 000 employés. Il y aura notamment appris à gérer la pression, notamment celle de la Cour des comptes qui avait la CCAS dans le collimateur. Et quand, aujourd'hui, la cour régionale des comptes vient auditer la gestion du Siaap, il se veut serein : « L'audit est satisfaisant pour le Siaap, à qui il est demandé un meilleur suivi des grandes opérations d'investissements et une attention pour la gestion prévisionnelle de la trésorerie. »
À la question finale de savoir ce que l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima inspire à cet ancien d'EDF, il pointe la différence entre les acteurs privés et publics : « Il avait été demandé à Tepco de relever une digue face au risque inondation et elle ne l'a pas fait ; en France, EDF a répondu à une demande de l'Autorité de sûreté nucléaire pour rehausser une digue sur le site du Blayais. Le fait que le service public soit dégagé d'une logique de profitabilité permet de garantir que la sécurité soit toujours la priorité. Le Siaap, qui est une entreprise publique à mission de service public, demeure dans cette vision-là. »