Mardi 28 novembre, la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) a publié les résultats du 11e baromètre réalisé par le cabinet NUS Consulting : il « compare les prix des services d’eau et d’assainissement constatés au 1er janvier 2017 dans les cinq plus grandes villes (en population) de dix pays européens », rappelle la FP2E. A savoir, les cinq plus grandes villes d’Allemagne, de Belgique, du Danemark, de l’Espagne, de la Finlande, de la France, de l’Italie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la Suède. Verdict : si la France affiche des prix en-dessous de la moyenne européenne et une certaine qualité de service, les investissements pour le renouvellement et la modernisation des réseaux semblent insuffisants. En effet, le prix moyen du mètre cube d’eau en France est de 3,56 euros taxes et redevance comprises, soit 11 % de moins que le prix moyen en Europe, qui est de 4,01 euros. Ainsi, la France se classe en quatrième position des prix les moins chers, après l’Italie (1,43 euros le m³), l’Espagne (2,24 euros le m³) et la Suède (3,56 euros le m³). Le Danemark enregistre le prix le plus élevé, avec 6,61 euros le m³.
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L’urgence du renouvellement des infrastructures
En effet, la Fédération trouve préoccupante la tendance à la baisse des investissements dans les infrastructures en France et craint une crise du modèle français de gestion de l’eau : « Le taux de renouvellement annuel des réseaux d’eau potable, qui ne concerne aujourd’hui que 0,6% à 1% du linéaire français, devrait être au minimum du double pour éviter un vieillissement des infrastructures », indique la FP2E. L’investissement actuel à hauteur de 800 millions d’euros devrait donc, selon l’organisation, atteindre 1,6 milliards d’euros environ afin d’assurer le renouvellement des infrastructures : canalisations, usines de traitement, assainissement non collectif (ANC), prévention des inondations, etc. La FP2E souligne également que, « si l’eau du robinet en France est en permanence de bonne qualité pour plus de 97% des consommateurs, des disparités existent sur le territoire, plus particulièrement entre la qualité de l’eau distribuée dans les villes et celle de l’eau distribuée par les services des zones rurales ». Ainsi, « le taux de non-conformité de la qualité bactériologique de l’eau est jusqu’à vingt fois supérieur à celui de zones urbaines », indique la Fédération.
Les professionnels rappellent que la France bénéficie de 15 milliards d’euros de financements européens dédiés à la mise en œuvre de la Directive cadre sur l’eau. Des fonds trop peu utilisés selon la FP2E : en 2016, après trois ans de programme (sur 7), la France n’avait consommé que 4 % de ces investissements européens, contre 47 % en Allemagne par exemple. « Aussi, la FP2E incite à la mobilisation des régions françaises pour consommer ces fonds européens et irriguer les collectivités afin de stimuler l’investissement dans les infrastructures d’eau ».
Par ailleurs, la Fédération souligne la « nécessité de généraliser des services d’eau innovants », tels que les compteurs intelligents, l’information dématérialisée sur la qualité de l’eau, ou encore des services d’alerte SMS pour prévenir les consommateurs en cas de pollution, ou d’interruption du service.
Un euro par jour et par foyer
Le baromètre de NUS Consulting indique que les Français consacrent en moyenne 0,8 % de leurs revenus aux services d’eau et d’assainissement, soit environ 1 euro par jour et par foyer, « pour environ 330 litres délivrés et assainis quotidiennement ». Les points forts du système français selon le baromètre : « le libre choix du mode de gestion et la compensation régulière des offres d’opérateurs différents », qui bénéficie à la fois aux consommateurs et aux collectivités, et « l’implication des autorités organisatrices dans la gouvernance des services », qui permet de fixer des objectifs, de planifier les investissements et de contrôler les prix. « En France, la fixation du prix des services d’eau relève toujours des collectivités locales, hors parts des Agences de l’eau et de l’Etat », rappelle la FP2E.