Après avoir tout mis en oeuvre pour accroître la puissance informatique de leurs datacenters - ces salles dans lesquelles s'alignent de grands ordinateurs traitant les données stratégiques des entreprises -, les professionnels du secteur veulent en limiter l'impact écologique, à travers l'économique. Ces centres sont en effet de véritables gouffres énergétiques. Chez Orange, par exemple, on indique que « les datacenters présentent des inconvénients en termes de superficie, d'équipements et d'architecture, d'où des surconsommations énergétiques des serveurs, des calculateurs et de la climatisation. »
80 % de gain énergétique
C'est pourquoi le premier opérateur mobile français a mis en place un groupe de travail, nommé « Énergie Réseau », chargé de réfléchir à un « assemblage de solutions propres ». Parmi celles-ci, une optimisation du système de climatisation des salles, en privilégiant soit les dispositifs dits de « ventilation optimisée » (utilisant la différence de température entre le jour et la nuit), soit de « ventilation variable » (qui ajuste le seuil de température à partir duquel le système de refroidissement s'enclenche). « Avec de tels équipements, annonce l'opérateur, nous pourrions gagner jusqu'à 80 % de l'énergie consommée pour la clim. » Cependant, ces projets n'en sont encore qu'au stade embryonnaire.
Les chercheurs d'Énergie Réseau travaillent, par ailleurs, à perfectionner l'architecture des datacenters en « virtualisant » leurs diverses applications, dans l'objectif de réduire le nombre de serveurs, « donc leur consommation et leur besoin en climatisation », précise-t-on chez Orange, ainsi que la surface des locaux. Et d'ajouter : « En 2007, 350 applications locales ont été supprimées en France. » Enfin, et surtout, l'opérateur français teste de nouvelles solutions pour alimenter en électricité ses centres de données. Les ingénieurs du groupe ont ainsi axé leurs travaux sur la pile à combustible. « Une solution qui réduit considérablement l'usage de batteries classiques, limitant les batteries de secours et, par conséquent, l'emploi de la climatisation. » Autre solution qui prend également corps dans les « Orange Labs » : le recours au courant continu, au lieu de l'alternatif. Cette disposition technique présente l'avantage de stabiliser l'alimentation électrique des salles.
Un état d'esprit
« Les pertes d'énergie liées à la transformation du courant EDF en courant alternatif et les microcoupures qu'elle occasionne seront ainsi évitées. On supprime donc les besoins en énergie pour redémarrer les appareils, ce qui est très important pour l'informatique », explique l'opérateur.
Même état d'esprit chez Internet FR, un fournisseur d'accès au Web. Cette société vient en effet d'installer, dans l'un de ses centres de la région parisienne, de nouveaux onduleurs à volant d'inertie. Constitués d'une roue libre qui tourne dans le vide, donc sans frottement et ralentissement, ils imitent une dynamo (nécessitant du même coup une maintenance limitée) et garantissent ainsi l'apport d'électricité nécessaire, par rotation continue, entre une éventuelle coupure du réseau EDF et la mise en route des groupes électrogènes du centre (délai qui peut atteindre une dizaine d'heures). Ces appareils, à la différence de leurs prédécesseurs, ont l'avantage d'être dépourvus de batteries au plomb. « C'est basique, estime Frédérick Coeuille, directeur général d'Internet FR et responsable du projet. Si tout le monde s'équipait de ces onduleurs, il y aurait des gains énergétiques et environnementaux énormes. » Tout cela dans l'optique, certes, de réduire l'impact écologique, mais avant tout d'augmenter les gains de productivité, par la baisse de la facture énergétique et une durée de vie plus longue du matériel.