C'est l'histoire de six corps de ferme représentatifs de l'architecture du Vexin français. Tous différents de taille et d'âge. Les uns nichés en coeur de bourg, d'autres perdus en rase campagne. Leur point commun ? Dans le cadre d'un appel à projets lancé par le parc naturel régional (PNR) du Vexin français, ils vont être reconvertis en logements locatifs en suivant des critères bioclimatiques alliant respect du patrimoine et esprit d'innovation. « Le but est de rester fidèle à ce type d'architecture paysanne, économe en énergie et privilégiant des matériaux locaux comme la pierre et la tuile », explique Philippe Bodo, architecte-conseil du parc. Dès 2006, le parc a dressé les contours de l'appel à projets autour d'un double socle social (ces logements seront à loyer maîtrisé) et environnemental (ils atteindront la haute performance énergétique). Jusqu'en 2007, la première étape a consisté à monter l'opération et réunir des partenaires : le Meeddat et l'Ademe y ont injecté 100 000 euros. La seconde phase visait à former un groupement d'architectes et d'experts en énergie pour devenir assistant à maîtrise d'ouvrage et intermédiaire entre le parc et les lauréats de l'appel à projets, lancé en mars 2008. Tout le patrimoine rural bâti du Vexin français y était éligible. Sur onze projets instruits, six ont été retenus. Chacun en est alors plus au stade de l'intention que de l'avancement concret, le but étant justement d'accompagner les porteurs très en amont, des premières phases de conception, de consultation des entrepreneurs, de suivi du chantier, jusqu'à l'installation des locataires et au suivi de leurs consommations d'énergie sur plusieurs années d'occupation. « Un bâtiment performant énergétiquement est souvent plus cher à réaliser. Cette expérience vise à prouver le contraire dès lors qu'un projet de rénovation est bien pensé et adapté à son environnement », souligne Philippe Bodo. On aura recours aux énergies renouvelables, mais sans faire de ces lieux des "showrooms" d'équipementiers. On utilisera des isolants naturels, mais sans verser dans le tout écolo et selon les compromis trouvés avec les maîtres d'ouvrage. » De profil très divers, ces maîtres d'ouvrage sont tantôt une commune, tantôt un bailleur social ou encore des propriétaires particuliers. Si les travaux de gros oeuvre restent à leur charge, le parc les appuie toutefois sur les coûts directement liés à l'innovation (études, travaux supplémentaires). Montant maximal de l'aide : 500 euros par mètre carré habitable créé, avec un plafond par logement à 25 000 euros, soit 150 000 euros pour un corps de ferme reconverti en six logements. Pour ce volet, les conseils généraux des Yvelines et du Val-d'Oise ont apporté 500 000 euros. Pour deux projets particulièrement bien avancés, les travaux vont commencer en fin d'année. L'étude de leur coût et leur déroulement vont permettre un premier état de l'art et du niveau de savoir-faire des artisans locaux. D'autres travaux débuteront dès l'année prochaine et tous les logements seront livrés fin 2010-début 2011. Des enseignements seront tirés de cette expérience destinée à être reproduite. Enfin, l'opération est complétée à l'échelle du parc par une série d'animations grand public et de formations à l'écoconstruction à destination des artisans.