Il a fallu une douzaine d'heures à l'Ademe pour confirmer l'information publiée dans Les Échos selon laquelle un programme d'expérimentation de fabrication de biocarburants de deuxième génération allait démarrer en France. Le programme BioTfuel, qui prévoit deux unités pilotes de production de biogazole et de biokérosène à partir de cellulose, représente un investissement de plus de 110 millions d'euros. Il est l'un des onze dossiers sélectionnés par l'Agence dans le cadre du Fonds démonstrateur de recherche.
L'article du quotidien confirmait, chiffres et partenaires industriels à l'appui, une stratégie française annoncée il y a déjà un an. Et pourtant il suscitait le jour même, notamment du fait de l'absence de tout communiqué officiel, de nombreuses réactions. FNE et d'autres ONG s'inquiétaient qu'une telle décision puisse intervenir alors que le rapport sur l'analyse de cycle de vie (ACV) des biocarburants de première génération, attendue en juin 2008, n'était toujours pas rendu public.
Sous la pression, l'Ademe a finalement mis en ligne une synthèse d'une vingtaine de pages de l'étude tant attendue. Celle-ci montre un bilan très contrasté selon les filières et reconnaît que, selon les critères pris en compte, le niveau des impacts peut évoluer très sensiblement. L'ACV réalisée par Bio intelligence service a pris en compte cinq paramètres : la consommation d'énergie non renouvelable, les émissions de gaz à effet de serre (GES), le potentiel d'oxydation photochimique, le potentiel de toxicité humaine et le potentiel d'eutrophisation. Mais, sur le seul critère GES, la filière ETBE issue d'éthanol de betterave, de blé et de maïs, est déjà condamnée puisqu'en émettant à peine 20 % de moins de gaz à effet de serre qu'un carburant fossile, elle ne remplit pas les exigences européennes en la matière. En effet, la directive sur les énergies renouvelables impose que les biocarburants affichent un bénéfice de 35 % en 2010 et de 50 % en 2017.
Or cette voie ETBE représente aujourd'hui la moitié de la production française de bioéthanol. C'est dire qu'il est urgent de passer à autre chose. Mais les biocarburants de deuxième, voire de troisième, génération devront, eux, montrer patte blanche avant de passer en production industrielle.