Les énergies renouvelables sont au beau fixe ou ont le vent en poupe, selon que vous préfériez la métaphore solaire ou éolienne. Selon Michaël Pronier, responsable du site Envirojob.fr spécialisé dans les emplois en environnement, « on observe un boom dans les énergies renouvelables et la maîtrise de l'énergie depuis 2008. C'est vrai dans l'éolien et plus encore dans le solaire. Depuis septembre, nous publions beaucoup d'offres pour des commerciaux dans le photovoltaïque, et pour des chefs de projets et des ingénieurs dans l'éolien. »
Concernant l'exploitation de l'énergie du vent, la France a malheureusement raté le coche de la fabrication des éoliennes : les principaux fournisseurs sont étrangers. Reste trois métiers exercés au plan national : le développement de projets, l'ingénierie et la construction, et, enfin, l'exploitation et la maintenance. « Nous avons beaucoup recruté l'an dernier, surtout des profils très qualifiés, essentiellement des bacs + 5, expose Julie Monrose, chargée du recrutement chez Eole-Res. Nous regardons toujours avec la même attention les diplômés d'écoles d'ingénieur et d'universités. » Pourtant, certaines menaces pèsent sur le secteur. En 2011, les éoliennes devraient passer sous le régime des installations classées. Cela rejaillira-t-il sur l'emploi dans le domaine ? En tout cas, les industriels ne semblent pas inquiets. Car même lorsque le développement des parcs éoliens se tarira, il restera l'exploitation et la maintenance des machines. Et les équipements offshore n'en sont qu'à leur balbutiement.
« Nous embaucherons 50 à 60 personnes l'an prochain, soit une augmentation de 50 % de nos effectifs, affirme Pierre Lagandré, directeur adjoint de la Compagnie du vent. Les trois quarts iront à la construction de parcs, génie civil et électricité, pour lesquels nous recruterons aussi bien des cadres que des techniciens. » De son côté, Windeo prévoit d'embaucher 50 personnes d'ici au 30 juin 2010, afin de démarrer un réseau de distribution pour le petit éolien. « Nous recherchons des écoconseillers et des chefs de projets techniques, indique Loïc Péquignot, président de Windeo. Les écoconseillers sont des commerciaux, tandis que les chefs de projets sont des techniciens supérieurs en électricité ou en électromécanique, avec une expérience du terrain. Nous assurons une formation interne, car le petit éolien est récent et peu connu. Nous cherchons des passionnés. Enfin, comme la plupart du matériel est fabriqué aux États-Unis, il faut absolument connaître l'anglais technique. »
Quant au solaire, il se porte encore mieux que l'éolien. Si le thermique stagne, le photovoltaïque est en plein essor. Et ce n'est pas fini : « Il existe un projet de tarif d'achat de l'électricité produite nuancé selon la zone géographique. Il pourrait rendre le photovoltaïque rentable là où l'ensoleillement est plus faible, indique Olivier David, responsable de la sensibilisation à l'association Hespul. Cela va propulser la filière. » Les projets dans la moitié Nord de la France ainsi que les grosses installations seront alors favorisés.
Côté fabrication, la production française de panneaux reste loin derrière l'activité étrangère, notamment allemande, américaine et chinoise. Cependant, la demande pour le photovoltaïque est telle que quelques usines sortent de terre en France, à l'instar de celle de First Solar qui devrait employer 300 personnes à partir de 2011. Mais c'est surtout la pose des panneaux qui crée des emplois. Sans oublier les postes en recherche, en formation et en conseil, notamment dans les espaces info-énergie de l'Ademe, qui vont créer cent postes en 2010. La conception d'un système photovoltaïque est en fait un métier assez classique d'ingénieur en électricité, excepté que l'on travaille en courant continu. Il faut aussi connaître les logiciels de simulation afin de bien dimensionner l'installation. Si les grandes centrales créent peu d'emplois : quelques postes d'électriciens, des ouvriers pour la pose, un peu de BTP et de la télésurveillance pour les centrales au sol, un peu d'ingénierie, du côté des installations individuelles, en revanche, les perspectives sont intéressantes.
Il faut de la main-d'oeuvre pour installer les kits solaires sur les toits des particuliers. « Ce sont des emplois locaux, se réjouit Mélodie de l'Epine, chargée de mission sur le photovoltaïque chez Hespul. L'idéal est un couvreur et un électricien travaillant en binôme, ou une personne ayant la double formation. Mais les artisans ne sont pas assez formés aux particularités du photovoltaïque : normes, courant continu, travail en toitures... ».
Et la biomasse ? Le bois-énergie reste une source d'emploi, certes souvent peu qualifié, mais local. Le marché des particuliers requiert essentiellement des employés pour la coupe et la livraison. En revanche, les chaufferies collectives restent des investissements lourds qui exigent un vrai savoir-faire d'ingénieur ou de technicien spécialisé, comme ceux que recrute Dalkia, la filiale énergie de Veolia. Mais la biomasse la plus prometteuse est de loin le biogaz. « De nouveaux tarifs d'achat de l'électricité issue du biogaz ont été annoncés : ils seront multipliés par trois, rappelle Olivier David. De plus, l'Afsset a donné un avis favorable à l'injection du biogaz dans le réseau de gaz naturel, ce qui était auparavant interdit. Deux raisons pour que cette filière se développe. » (Lire p. 52.)
Enfin, la production locale d'électricité augmente le travail d'ERDF, le gestionnaire du réseau électrique. « Il y a un besoin de conseil et d'accompagnement pour les projets de taille moyenne, notamment sur les questions fiscales et juridiques, ainsi que sur le montage de plans de financement », indique Mélodie de l'Epine.