Il suffit d'assister à l'Energy Day d'EDF ou de lire les publirédactionnels sur les emplois du nucléaire dans la presse quotidienne nationale, pour comprendre que les énergéticiens ne connaissent pas la crise. Ils y affichent sans complexe leurs besoins de recrutements, bien conscients de leur attrait dans un contexte économique difficile. « L'Energy Day mobilise 300 collaborateurs, qui vont présenter 240 métiers du groupe à près de 2 000 étudiants », résumait Dominique Lagarde, directeur général délégué ressources humaines d'EDF en préambule de l'événement où s'enchaînent offres de stages et entretiens de prérecrutement. Une mise en scène qui tranche avec la discrétion de Veolia environnement et Suez environnement. La santé des secteurs, la nature des profils recherchés voire la culture d'entreprise expliquent-elles cette différence de stratégie ? « L'environnement n'est pas imperméable à la crise », reconnaît Laurent Tedeschi, directeur emploi, gestion de carrières de Suez environnement, mais il y résiste mieux que tous les autres secteurs... hormis l'énergie. EDF va recruter près de 1 500 personnes en 2010 dont les deux tiers dans le nucléaire, 100 ingénieurs chercheurs, 100 dans l'hydraulique, 60 dans le thermique, mais aussi des ingénieurs pour le négoce d'énergie. Et si GDF Suez ne donne pas de détails, le groupe recrutera 13 600 personnes en 2010 dont 7 000 CDI. Chez Areva, Jérôme Eymery, responsable du département recrutement de la DRH, annonce en France, pour 2010, 3 500 recrutements dans le nucléaire et 100 dans les énergies renouvelables, en particulier l'éolien et la biomasse. Côté éco-industriels, on constate, malgré la crise, des volumes de recrutements stables depuis trois ans. Veolia se présente toujours comme le premier employeur de France (au moins jusqu'en 2009), avec 10 000 emplois à pourvoir par an. Chez Suez environnement, les chiffres témoignent de la même tendance : « En 2008, nous avons recruté 2 500 CDI en France ; en 2009, 1 800 et, pour 2010, nous avons prévu 2 000 postes », annonce Laurent Tedeschi. Les différences sont plus nettes, en revanche, sur les profils recherchés. Les éco-industriels ne recrutent que 10 à 12 % de cadres. « Nous recherchons en majorité des techniciens, des employés et des agents spécialisés », liste Véronique Rouzaud, directeur général RH de Veolia environnement. Chez Areva, Jérôme Eymery annonce rechercher plus de 50 % de cadres : « Nous recrutons sur des profils techniques. Nous avons besoin de spécialités chimie, mécanique, sécurité, du CAP au bac + 5. Les postes environnement, notamment sur la remise en état des sites ou la surveillance des rejets, sont pourvus en interne par des salariés ayant déjà une forte expérience de leur métier ». Très logiquement, les voies de recrutement utilisées s'adaptent à ces besoins. Ainsi Veolia environnement a choisi le terrain en organisant des campagnes de recrutement itinérantes. En 2006 et 2007, quatre bus ont sillonné les régions de France pour recruter des milliers de jeunes en alternance. En 2009, l'opération a été reconduite sur dix-sept villes d'Ile-de-France. Pour des profils plus pointus, tous les groupes ont mis en place une politique de partenariat poussée avec les grandes écoles et les filières universitaires spécialisées. Tous participent régulièrement à des forums dans les écoles où ils présentent leurs métiers et recrutent des stagiaires. Autre piste, la filière des anciens élèves. EDF a ainsi créé en 2008 un réseau Campus énergies rassemblant près de 300 salariés baptisés ambassadeurs, qui vont faire la promotion de l'entreprise au sein de leur ancienne école, tout comme Areva. Pour des recrutements plus qualitatifs, Suez environnement organise tous les ans une journée Objectif emploi réunissant près de 150 étudiants en fin de cursus et ayant déjà fait un stage dans l'entreprise. Mais à en croire les responsables RH, la voie la plus directe de recrutement reste le site Internet. Toutes les entreprises ont ouvert un espace emplois clairement identifié, voire un site spécialisé sur lequel elles publient tous les postes offerts et recueillent les CV spontanés. Et là aussi les énergéticiens se démarquent par leur volonté de communiquer, en organisant des chats entre internautes et responsables RH et en mettant en scène leurs salariés dans des témoignages vidéos.