Deux chaudières au bois quasiment neuves... démontées et reconstruites. Voilà la raison du torchon qui brûle entre la Ville de Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise, les habitants des 13 000 logements raccordés au réseau de chaleur, l'exploitant de ce dernier, la SECV (Dalkia) et le constructeur, un groupement conduit par Crystal (Eiffage).
Livrées en 2004, ces chaudières au bois n'ont jamais apporté les 37 % de la chaleur prévus. « En 2008, rapporte Pierre-Alain Millet, adjoint au maire délégué aux énergies, on est descendu à moins d'un tiers de la production prévue, soit 10 000 MWh/an au lieu de 66 000 ! » La chaudière au fiel a donc fonctionné à plein régime et les abonnés, bailleurs sociaux ou syndics de copropriétés, ont reporté sur les résidents la hausse du prix de ce carburant. Au total, un préjudice d'environ 2 millions d'euros. Dès 2007, la SECV, puis la mairie, ont lancé des actions en justice. L'expert, pourtant nommé en référé, a mis près de deux ans à rendre ses conclusions. « Heureusement, au printemps dernier, il nous a autorisés à intervenir sur l'installation », rapporte l'élu, qui s'est empressé d'en informer les membres du conseil de transparence du chauffage urbain, puis la population, lors d'une réunion publique à l'automne. Une intervention qui prend la forme d'une reconstruction, décidée par le conseil municipal à la quasi-unanimité. La Ville a obtenu que la SECV s'engage, dans un avenant, sur le financement des travaux (6,5 M d'euros) - à charge pour elle de se retourner contre le constructeur -, sur la prise en charge des éventuels surcoûts, sur le délai (1er novembre 2010) et sur une production de 40 % à partir du bois. Et cette affaire n'a pas stoppé les réflexions de Vénissieux pour atteindre les 50 % de production par énergies renouvelables ouvrant droit à la TVA réduite.