Édifier un écoquartier à énergie positive où les logements sont proposés à des prix inférieurs au marché. C'est le pari qu'est en train de gagner Joseph Rossignol, le maire de Limeil-Brévannes, une commune du Val-de-Marne.
La construction des 1 250 logements à basse consommation (35 kWh/m²/an pour le chauffage) sur la ZAC de la Ballastière-Sud, rebaptisée Quartier des temps durables, doit commencer l'été prochain. Les premiers, proposés à la vente en novembre dernier au prix maximum de 2 950 euros le mètre carré pour 3 400 en moyenne dans le reste de la ville, sont partis comme des petits pains. « Nous voulons faire un quartier populaire au vrai sens du terme, accessible à des gens "normaux" qui gagnent entre 25 000 et 30 000 euros par an », s'enthousiasme Hervé Jobbé-Duval, président du directoire de la Centrale de création urbaine, l'association qui pilote le dispositif.
Ce quartier, que Roland Castro a dessiné, présente une double mixité. Il mêle à parts équivalentes logements sociaux et privés, à la location ou à la vente. Ici, pas de voitures, mais des mails piétonniers, des places commerçantes, une maison de la mobilité, un projet de pédibus rejoignant l'école à énergie zéro ouverte en 2007 (lire EM n° 1650 p. 24) ainsi qu'un projet, encore incertain mais cher au maire, de métro-câble ralliant la ligne 8 du métro parisien. Première astuce pour rendre ce paradis et ses 21 000 m² d'espaces verts accessibles au plus grand nombre : externaliser les investissements liés à la production énergétique. « Objectif : ne pas dépasser une facture mensuelle de chauffage et d'eau chaude d'un euro par mètre carré habitable », précise Hervé Jobbé-Duval. La municipalité a donc concédé en 2007 à Cofely (ex-Elyo, lire EM n° 1663 p. 6) l'investissement et la gestion des équipements énergétiques : panneaux solaires thermiques et photovoltaïques, réseau de chaleur alimenté par une centrale de cogénération à biomasse.
Mais le véritable secret de ces prix attractifs se cache derrière un concept mis en oeuvre pour la première fois en France : le projet urbain partenarial. Cette forme de partenariat public-privé est pilotée par la Centrale de création urbaine, une association réunissant depuis 2004 des investisseurs-constructeurs publics et privés défendant cette nouvelle forme de contractualisation. Elle permet d'importantes économies d'échelle et se justifie ici par les travaux de dépollution et de construction en remblai à mener sur cette ancienne gravière devenue décharge sauvage.
Ce sont les neufs promoteurs regroupés au sein d'un syndicat créé en 2007 qui financent études, portage foncier, dépollution, fondations spéciales, viabilisation, aménagement paysager... dégageant la ville de tout risque financier. « Nous voulions éviter de confier l'ensemble du quartier à un seul promoteur », ajoute le maire. Le syndicat a ensuite lancé une procédure de dialogue compétitif à laquelle les entreprises ne pouvaient répondre que constituées en groupements capables de concevoir et de réaliser l'ensemble des travaux à un prix forfaitaire. Une première à cette échelle remportée par un groupement emmené par l'entreprise Jean Lefebvre (groupe Vinci). Livraison : fin 2011.