Pour atteindre ses objectifs, il faut pouvoir mesurer ses performances ! Et les outils de simulation utilisés en phase de conception sont de plus en plus précis. Mesurer les flux entrants et sortants d'un chantier (matériaux, déchets, eau, énergie...) n'est par ailleurs pas bien sorcier. « Lors de l'exploitation, en revanche, seuls les fluides sont mesurables quantitativement. En clair : l'eau potable, l'eau de pluie et l'énergie. Et encore, on ne mesure jamais les calories rejetées à l'égout ou celles apportées par un panneau solaire thermique », analyse l'architecte et auditeur environnement Jean Lattanzio. « Il faut prévoir les systèmes de comptage appropriés dès le début de l'opération », conseille Patrick Nossent, président de Certivea et de Cequami.
Aujourd'hui, les grands immeubles HQE neufs sont équipés de systèmes de gestion technique centralisée de plus en plus complexes, qui permettent de piloter et de suivre finement les consommations énergétiques. « Avant son entrée en certification exploitation, le siège de la Macif ne disposait que d'un compteur. Nous en avons installé depuis une dizaine : un par étage, plus quatre pour le parc informatique, la bureautique, le restaurant d'entreprise et l'éclairage », détaille Martin Becker, chez Opteor. Coût d'un compteur : environ 800 euros.
Pour l'eau, on se contente en général de comptages plus grossiers. « Avec un seul locataire, un compteur général et un autre pour le restaurant d'entreprise suffisent », reprend Martin Becker. Côté résidentiel, rappelons que le gouvernement envisage de lancer un programme pour équiper les 5 millions de logements chauffés collectivement en France de systèmes de comptage individuels. Théoriquement obligatoires depuis 1974, ces répartiteurs engendreraient une économie d'environ 15 % selon l'Ademe (lire EM n° 1660, p. 32).
Tous les bailleurs sociaux s'intéressent évidemment au sujet. « Nous lançons un projet « énergie zéro » à Brétigny-sur-Orge (91) en conception-réalisation. Nous prévoyons l'instrumentation du bâtiment afin d'en suivre les consommations énergétiques durant deux ans », indique Pierre Paulot, chez Immobilière 3F. Le groupe privé Vilogia prévoit également une campagne de mesure des consommations d'eau chaude, de chauffage, d'électricité et de température des maisons de 1930 qu'elle réhabilite actuellement en basse consommation, à Lomme (59). Notons enfin que Cerqual lançait en juillet dernier un observatoire des charges en partenariat avec plusieurs collectivités, dont celle d'Athis-Mons (91), et plus récemment un programme de recherche 2010-2011 sur la mesure de la performance énergétique des bâtiments. Des performances que propriétaires ou exploitants peuvent restituer sous forme d'indicateurs, notamment dans le cadre de la certification Exploitation ou de données brutes, comme le fait depuis 2006 la mairie des Mureaux (78).