Seize industriels, dont neuf grands groupes (Alstom, EDF, GDF Suez, Areva, DCNS...), ont entendu l'appel de l'Ifremer : ils devraient participer, dès 2011, à la plateforme France énergies marines, prévue à Brest (29). Cette structure, réunissant acteurs privés et institutionnels, devrait être l'un des dix instituts d'excellence dans le domaine des énergies décarbonées (IEED) retenus par l'État dans le cadre du Grand Emprunt national.
Un acte important dans la construction d'une filière des énergies marines en Bretagne. Alstom Power, qui affirme vouloir être l'un des leaders du marché, compte beaucoup sur le projet pour « prendre en main » le futur site national d'essai d'hydroliennes, qui sera ouvert au large de Paimpol (22). « Nous tenons à ce que ce site soit très vite prêt, juridiquement et techniquement, pour accueillir le démonstrateur de notre hydrolienne de 1 MW, développée avec le canadien Clean Current. D'ici à 2020, nous envisageons de fabriquer une centaine de machines par an, pour dégager un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de millions d'euros », explique Philippe Gilson, directeur des énergies marines à Alstom Power. Une ambition qui pourrait être contrariée par EDF : l'électricien a déjà prévu d'immerger, dès 2011, le démonstrateur de son hydrolienne Open Hydro de 500 kW.
Son objectif : installer quatre machines reliées au réseau électrique dès l'été 2012. « Le budget de 24 millions d'euros est financé à hauteur de 7,2 millions par l'État, la Région et le Feder », souligne Vincent Denby Wilkes, délégué régional d'EDF en Bretagne. D'autres entreprises entendent aussi profiter du potentiel marin : Sabella, concepteur de la première hydrolienne française qui prévoit une campagne d'essai entre les îles d'Ouessant et de Molène courant 2011, ou Guinard Énergies, dont l'hydrolienne accélère l'énergie des courants.
Du côté des développeurs d'éoliennes offshore, là aussi, on fourbit ses pales. « Le futur de l'éolien est en mer », assure Xavier Ferrey, directeur de la communication de Nass & Wind. Grâce à la vente de son activité terrestre à EDF, cette société détient 40 millions d'euros de fonds propres, qui lui permettent de mener de front plusieurs projets de parcs de plus d'un milliard d'euros chacun. « L'État doit annoncer les zones retenues pour les premiers appels à projets d'éolien en mer ; on devrait connaître les lauréats à l'automne 2011 », annonce Xavier Ferrey. Nass & Wind a pris de l'avance sur ses concurrents, comme Poweo ou Vents d'ouest, grâce à ses nombreuses études techniques sur les sites pressentis. Elle ambitionne ainsi d'installer quarante éoliennes au large de Saint-Brieuc (22) d'une puissance totale de 240 MW. Mais il faudra aussi convaincre les pêcheurs. Sur ce point, Nass & Wind se dit confiante, d'autant qu'elle mise aussi sur les éoliennes flottantes, installables plus loin des côtes. Mais ces équipements de seconde génération sont encore dans les cartons. La société travaille avec DCNS sur Winflo, une machine de plus de 3 MW prévue pour les zones de plus de 50 m de profondeur. Un démonstrateur sera testé en 2012 et 2013. Les premières préséries pourraient être installées en 2015. Le groupe parapétrolier Technip planche, quant à lui, sur une éolienne flottante à axe vertical, VertiWind. Des tests en mer sont prévus entre 2011 et 2012, sur une machine de 2 MW.
Autant d'initiatives qui pourront s'appuyer sur France énergies marines. Avec en ligne de mire un marché national de 6 GW installés en 2020, comme s'y est engagé le ministère de l'Écologie.